UNE BALADE EN AMOUREUSES ? NOPE, PAS TOUT A FAIT.
FT LUA FLEMING & ANTONELLA MATTEÏ.

« Petite coquine, t'as intérêt à tout me raconter plus tard ! » Antonella referma son téléphone, en souriant triomphalement. Il avait suffit de glisser quelques mots au détour d'une conversation, pour que tout le monde croit que Lua et elle avaient un rendez-vous amoureux, le jour même. Quand les deux demoiselles avaient commencé à se faire passer pour un couple, tout le monde y avait cru vite. Peut-être trop vite, même. Mais la demoiselle trouvait ça passionnant. Ce jeu, commencé sur un véritable coup de tête, avait pris une tournure intéressante, et elle adorait ça. Le goût du risque, si vous voulez. Le stress que les autres découvrent la vérité et en même temps la certitude qu'elle était si bonne menteuse qu'elle pourrait continuer pendant des années, si elle le voulait.
Elle sourit, tout en jetant un regard à son horloge. Il était dix heures trente, et elle venait de passer trente minutes à traînasser dans son lit. Pour une fois qu'elle se levait tôt un dimanche. C'était du gâchis. Animée d'un sursaut d'énergie, la jeune femme se leva d'un bond et fila prendre son café du matin, qu'elle avala les yeux fermés, savourant le chaleur du liquide contre son palet. Puis elle prit son habituelle douche froide du matin pour bien se réveiller. Profitant de l'absence de sa famille, qui devait être à la messe, elle prit tout son temps, avant d'enfiler un short blanc surmonté d'un débardeur si coloré qu'on aurait pu croire qu'une licorne venait de vomir dessus. Ce n'était certes pas la tenue la plus adéquate pour un rendez-vous, même un faux, mais d'un autre côté, il n'y avait pas besoin de mettre une robe de soirée pour aller au zoo. Si ? S'ensuivit une petite séance de maquillage, puis de brossage de cheveux. Et enfin, après un rapide déjeuner devant la télévision, elle sortit, perchée sur ses courts talons, sac en main et grand sourire sur le visage.

Quand elle arriva au zoo, il était quatorze heures pile, et elle se félicita de cette arrivée. Elle était exactement à l'heure, et elle s'en félicitait volontiers. Après avoir cru qu'elle arriverait en retard, elle était finalement satisfaite de sa performance. C'était assez exceptionnel, pour elle. Elle ne faisait généralement rien dans la demi-mesure. Soit elle avait dix minute d'avance, soit dix de retard ; elle n'avait jamais réussi à trouver un juste milieu. 
Finalement, elle se posta juste à l'entrée du zoo, décidant qu'elle avait trop d'énergie à revendre pour rester assise dans un coin - ce qui n'était d'ailleurs pas dans ses habitudes -, et observa les personnes qui arrivaient, cherchant Lua. Ceux qui passaient en venaient pratiquement tous à la contourner, certains en lui jetant des regards curieux, étonnés ou carrément exaspérés. Depuis qu'elle était petite, elle avait l'habitude de se faire remarquer. Ou au moins d'essayer. C'était ça de vivre dans une famille, dans laquelle on tente de se démarquer par tous les moyens. Ça avait fini par transparaître dans son comportement à l'extérieur. Déformation professionnelle, en quelque sorte.

Treize heures trente, Lua venait de finir de manger. Elle soupira. Elle serait encore en retard. Étant donné qu'il lui fallait encore prendre une douche, s'habiller - elle était restée toute la matinée dans son jogging rose informe -, se maquiller, se coiffer et attraper son bus, il était évident qu'elle n'arriverait pas à quatorze heures au zoo. La batterie de son portable était à plat, elle ne pouvait même pas prévenir Anto'. Eh bien, tant pis, de toutes façons, elle devait être habituée aux retards constants de sa fausse petite amie !

La jeune Fleming sourit. Ce jeu la faisait toujours autant rire. Les deux amies avaient voulu faire une ballade ensemble au zoo, qu'à cela ne tienne, autant la faire passer pour une ballade en amoureuses. En fait, elle adorait tout ce qui avait un rapport avec le jeu ou la rigolade, alors, quand Antonella lui avait proposé ce petit mensonge ma foi plutôt rigolo, ni une ni deux, elle avait accepté immédiatement. Qu'est-ce que ces deux-là pouvaient rire quand elles pensaient à la tête que feraient leurs amis en découvrant la vérité ! C'était tellement drôle que Lua en vint à en rire dans sa douche. Douche glacée, comme d'habitude : elle ne supportait pas l'effet de détente totale de ses muscles que provoquait l'eau chaude. L'eau froide était vivifiante, revigorante, lui donnait la patate, en un mot.

Elle coupa le jet, entortilla ses cheveux dans une serviette puis enfila son peignoir en quatrième vitesse, puis se posta devant son armoire, découragée. Qu'était-elle censée mettre pour une journée au zoo? Avec sa prétendue dulcinée, en plus?
Elle regarda par la fenêtre. Le temps était magnifique, il devait faire plutôt chaud à cette heure-ci. Des vêtements légers, déjà. Elle opta pour un short vert pâle, un t-shirt blanc et des converses de même couleur. En partant, elle prendrait son chapeau de paille clair avec un ruban assorti au short, et ça serait très bien. Autant faire simple, de toutes façons elle se serait sentie mal à l'aise dans une tenue plus sophistiquée.

L'étape maquillage à présent. Un truc très léger serait très bien, elle ne supportait pas tout ce qui était trop chargé. Du fard à paupières blanc, du mascara, un joli rouge à lèvres vermillon et le tour était joué. Lua libéra ses cheveux blonds de la serviette qui les emprisonnait, les sécha, les démêla en tirant si fort pour enlever les nœuds qu'une bonne partie dut rester sur la brosse, puis les tressa en épis de blé sur le côté gauche, sa coiffure préférée. Elle vérifia qu'il ne manquait rien dans son sac, posa son chapeau sur sa tête et sortit en claquant la porte, comme d'habitude.

13h59, le prochain bus passait dans deux minutes. Elle serait en retard d'un bon quart d'heure, rien de bien grave si on considérait ses habituels délais d'une demie-heure à une heure.

Lorsque le bus arriva, la jeune fille avait dans la tête la chanson "Hakuna Matata", du Roi Lion, sans savoir exactement comment elle était arrivée à y penser. Elle monta, composta son ticket et se mit à chantonner, au grand étonnement de ses voisins :
- Hakuna Matata, mais quelle phrase magnifique ! ♪ Hakuna Matata, quel chant fantastiiiiiiique... ♪
Elle s'arrêta en remarquant les regards curieux des autres voyageurs, et leur lança un sourire gêné. En fait, gênée, elle ne l'était absolument pas - elle faisait bien ce qu'elle voulait après tout, non? -, mais elle savait que si quelqu'un de sa connaissance avait été dans les parages, il aurait eu honte d'elle, et ce rappel à l'ordre de sa conscience n'était pas forcément à négliger.  

Terminus, le zoo. Enfin. Lua atteignit le portail en quelques pas, et vit Antonella appuyée contre un arbre à l'entrée, sûrement en train de la chercher des yeux. La jeune fille fit de grands gestes en direction de son amie, tentant d'attirer son attention. En fait, elle attirait l'attention de tout le monde, sauf de la Matteï. Alors, elle se décida à la rejoindre, dans son dos, et lui mit les mains sur les yeux en s'écriant :
- Devine qui c'est !
Oui, c'était puéril, d'accord, mais elle n'avait pas pu s'en empêcher.

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FT LUA FLEMING & ANTONELLA MATTEÏ.

Antonella attendait. Et attendait encore. La demoiselle n'était pas forcément du genre très patient, elle avait besoin de bouger, d'être en mouvement, de relâcher ce trop-plein d'énergie qu'elle emmagasinait pendant ces heures passées à étudier. Et la voilà maintenant, en ce beau dimanche ensoleillé qui lui tendait les bras, à attendre une Lua encore et toujours en retard. Prise d'une soudaine envie de marcher, Anto' fit les 400 pas, tournant en rond devant le zoo, comme une demeurée, et s'attirant à nouveau quelques regards. Des regards qu'elle rendit à leurs propriétaires, accompagnés d'un immense sourire innocent. Oui, la jeune femme était l'innocence incarnée, voyons, ça ne se voit pas ? Bon, d'accord, peut-être pas tant que ça.

Finalement, elle arrêta son petit manège, et alla s'appuyer contre un arbre, fouillant la foule d'un regard distrait, à la recherche de Lua. Et c'est à peu près à ce moment-là que deux mains vinrent se plaquer contre ses yeux, tandis qu'une voix joyeuse s’exclamait : « Devine qui c'est ! » Antonella ne put retenir un sourire, reconnaissant immédiatement son amie. Il n'y avait qu'elle, pour continuer de faire ça à son âge, et surtout avec un tel entrain. Mais la demoiselle adorait justement ce trait de caractère, chez sa camarade. Elle lâcha d'ailleurs un bruit de gorge, à mi-chemin entre un grognement et un gémissement, tentant de reproduire avec un réalisme... frappant, c'est le cas de le dire, une une réflexion intense. Parce qu'arriver à deviner qui se trouvait derrière elle, était vraiment compliqué. Beaucoup plus compliqué qu'une dissertation d'une dizaine de pages sur l'influence des sucreries sur la santé mentale des malades. Bon, bien sûr, ça, ça ne marche pas dans le cas d'un diabétique.
« Hummmmpf », lâcha-t-elle finalement. « Attends. Ces mains fripées... cette voix grave... Oh merde, papy, qu'est-ce que tu fais ici ?! » Elle s'échappa de l'étreinte de ces soi-disant mains fripées et se tourna vers Lua, à qui elle adressa un coup de sac magnifiquement bien ajusté. Une femme n'en est véritablement une qu'à partir du moment où elle sait manier son sac à la perfection, jusqu'à pouvoir s'en servir comme arme. Voici ce que l'italienne ne cessait de - se - répéter. Cette dernière, après sa superbe attaque, était justement en train de poser une main sur sa hanche, tout en se servant de l'autre pour porter un doigt accusateur dans la direction de son amie. « Sais-tu l'heure qu'il est, mademoiselle Giada Lua Tessa Fleming ? Comment as-tu osé faire poireauter une personne aussi exceptionnelle et sublime que moi ? Alors que tant de gens tueraient pour être à ta place, et profiter de ma si charmante compagnie ! Espèce de... de... de... de... » Cette tirade, qui se voulait pourtant sérieuse, se termina par un immense et soudain rire. Elle ne pouvait décidément pas garder son calme, tout en déblatérant des bêtises pareilles. Non, c'était vraiment trop lui demander. Et puis, il faut également avouer qu'elle avait fini par s'habituer aux fréquents retards de sa prétendue petite-amie. Elle avait même plusieurs fois envisagés de lui donner de faux horaires, une dizaine de minutes en avance, dans le seul but de la berner. Mais chut, c'était un secret. La jeune Fleming ne devait jamais en entendre parler. Sinon, le plan si astucieux de la Matteï tomberait définitivement à l'eau...  

Lua éclata de rire en entendant Anto' s'écrier que ce devait être son grand-père qui lui avait ainsi ôté la vue. Les deux filles étaient tout aussi déjantées l'une que l'autre, et elles n'en étaient pas à leur premier fou rire au sujet des jeux quelque peu enfantins de la Fleming. Là-dessus, les deux amies s'entendaient parfaitement, elles étaient aussi déjantées l'une que l'autre.

Sans avoir eu le temps de se préparer au choc, la jeune gymnaste reçut un sac bien placé en plein dans le ventre, qui lui coupa la respiration. Avec une autre, Antonella aurait pu se faire enguirlander pour avoir porté une attaque si dangereuse, mais Lua, elle, se contenta d'éclater de rire une nouvelle fois. Oui, elle trouvait ça totalement poilant de se prendre un coup de sac dans l'abdomen.

En fait, ce fut la blondinette qui se fit invectiver pour avoir osé prendre du retard. Celle-ci écouta son amie, sourire aux lèvres, un sourcil arqué, immobile avec les poings sur les hanches, et répliqua lorsque celle-ci ne put terminer sa tirade pour cause d'éclat de rire subit :
- Mademoiselle Matteï, vous apprendrez à vos dépends que Lua Fleming n'est JAMAIS à l'heure. C'est la règle d'or à connaître si vous espérez prétendre au titre de petite amie. Bon alors, on y va, oui ou non? fit-elle avec enthousiasme lorsque sa camarade se fut calmée.

En cinq ans à San Sombrèro, elle n'avait encore jamais été au zoo, et elle avait hâte de voir tous ces animaux. Le seul qu'elle ait jamais visité - un zoo hein, pas un animal ! - était celui de Plymouth, en Angleterre où, petite, elle fêtait de temps en temps son anniversaire avec ses amies.
- D'après la brochure, il y a ici le plus grand h i p p o p o t a m e d'Europe ! Tu te rends compte ! Mais c'est génial ! reprit-elle, exaltée.
Encore une réflexion qui pouvait la faire passer pour une gamine, mais... honnêtement, elle s'en fichait pas mal. Elle adorait faire l'enfant, peut-être simplement parce que les bambins sont bien plus amusants que les adultes. Et il fallait bien avouer que la technique était plutôt efficace.  

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Antonella se calma, le temps d'adresser une moue dubitative à son amie. La patience n'était vraiment pas son fort. Et elle ne pensait même pa sà prétendre au rôle de meilleure petite amie du monde. Alors tant pis, elle continuerait à pester devant les retards de Lua, juste pour la forme – et pour râler auprès de sa camarade.
Elle se calma donc, le temps pour la blonde en face d'elle de prendre la parole, du ton le plus enthousiaste que jamais personne n'aurait osé prendre. Surtout pour un commentaire pareil, digne d'une gamine. « D'après la brochure, il y a ici le plus grand h i p p o p o t a m e d'Europe ! Tu te rends compte ! Mais c'est génial ! »  Néanmoins, il faut bien l'avouer, la jeune italienne trouvait le comportement de son amie mignon. Et c'était le plus parfait entrainement pour devenir mère. Lua était juste une grande gamine, avec les envies qui vont avec. « J'aurai bien envie de dire que j'ai déjà le plus grand – ou plutôt le plus gros, tiens – hippopotame du monde, juste devant moi ! » rétorqua la demoiselle d'un ton taquin. Elle était vanneuse dans l'âme, elle vannait autant qu'elle respirait, voire plus. C'était comme une pulsion, une envie soudaine qui s'emparait de son corps, et elle ne faisait jamais rien pour la retenir. De toute manière, ses proches étaient déjà habitués, à ce trait de caractère.
Néanmoins, elle prit une mine scandalisée, comme étonnée d'avoir exprimer ses pensées à voix haute. « Mince, l'ai-je dit tout haut ? » s'exclama-t-elle. « Mais je rigolais, bien sûr ! Tu es la plus mince et jolie des fausses petites-amies d'Europe. » Elle lui adressa un clin d'oeil et un autre sourire innocent dans son répertoire. Puis elle l'entraîna enfin en direction de l'entrée du zoo. Parce que ce n'était pas tout, de discuter tranquillement dans la rue, comme des commères. Mais elles étaient là pour aller au zoo, alors elles allaient y aller ! Rien, ni la tempête, ni la neige, ni le vent, ni le retard de Lua, n'empêcheraient les deux jeunes femmes de respecter leur programme de l'après-midi. « Allez, go ! » chantônna Anto', dans une tentative d'encouragement. « Bougons chacune nôtre jolie derrière pour aller voir monsieur l’Hippopotame ! » Même si on ne le remarquerait pas forcément, la demoiselle était également fortement enthousiaste à l'idée de cette visite. Le dernière fois qu'elle était allée au zoo, elle était alors enfant. Et elle avait maintenant hâte de redécouvrir cet endroit.
  

Lua fit mine de s'indigner à la gentille vanne de son amie.
- Dis donc, je t'en ficherai, moi, des hippopotames !
Très franchement, elle n'allait pas se vexer pour si peu, si? Surtout quand on connaissait le talent d'Antonella pour cette forme de plaisanterie douteuse qu'était l'art de la vanne. Et puis de toutes façons, elle n'avait pas de quoi être complexée et ne l'était d'ailleurs pas, il aurait donc été stupide d'en vouloir à son acolyte. En fait, c'était même plutôt drôle.
Lorsque son amie s'excusa pour cette injure à l'ego de la gymnaste, Lua s'exclaffa et répliqua :
- J'espère bien ! Je ne voudrais en aucun cas faire honte à ma prétendue âme sœur. Ah non, j'y vais peut-être un peu fort. Ma copine, ça te va?
Les deux chipies se dirigeaient à présent vers l'entrée du zoo, Anto' lâchant une plaisanterie - une autre ! - sur "monsieur l'hippopotame". Pas de doute, l'après-midi risquait d'être amusante. Et à ce propos...

Surprenant le regard d'un père de famille qui passait près d'elle, l'air vaguement surpris (choqué?) de voir deux jeunes filles se bidonner en plein milieu de la rue, Lua se dit que quitte à surprendre, autant en rajouter une couche, et elle se mit à aboyer après le pauvre homme qui sursauta et partit presque en courant. La jeune Fleming éclata de rire et se retourna vers son amie, pliée en deux. Elle adorait ce genre de situations, totalement improbables, totalement imprévues, mais aussi tellement drôles. Elle reprit son souffle, et lança à l'intention d'Antonella :
- T'as vu la tête du type ? J'aurais tellement aimé filmer la scène.
Honte? Qu'est-ce que c'était que ça, la honte? Ah non, désolée, ça ne faisait pas partie du dictionnaire de Lua.

Bon allez, cette fois-ci, on y allait vraiment. Les deux filles entrèrent dans le zoo, payèrent leur entrée, et Lua se promit de passer à la boutique de souvenirs en repartant. Les peluches-lionceaux étaient vraiment à croquer, mais, pour le moment, Anto' semblait décidée à prendre d'assaut le pauvre hippopotame - autant ne pas la contrarier.

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« J'espère bien ! Je ne voudrais en aucun cas faire honte à ma prétendue âme sœur. Ah non, j'y vais peut-être un peu fort. Ma copine, ça te va ? » Antonella rit, puis fonça les sourcils et mima une moue boudeuse, tout en croisant les bras, l'air faussement affectée par cette appelation. « Non, je veux pas être ta copine. Je veux être ta merveilleuse et magnifique copine, qui te comble de joie à chaque seconde passée en sa compagnie. » Puis elle fit un clin d'oeil à son amie, et elles se dirigèrent vers le zoo, rigolant toutes les deux. Elles rigolaient même tellement, qu'un monsieur se mit à les regarder étrangement. Et ça, apparemment, Lua ne l'acceptait pas, étant donné qu'elle se mit à aboyer. Oui, vous avez bien lu. Elle était en train d'aboyer. Fou de terreur devant une fille si bizarre et sûrement folle-à-lier, il prit la fuite. Les deux camarades éclatèrent de rire, tandis que la Fleming commentait ce qui venait de se passer, en disant qu'elle aurait aimé filmer. Antonella tenta de se calmer, pour parler, mais ne réussit qu'à lâcher un vague grognement, avant de repartir de plus belle.
Finalement, l'italienne se calma enfin, quelques secondes plus tard, et elles entrèrent enfin dans le zoo, payant leur place puis se dirigeant vers le fameux hippopotame. Anto' poussa légèrement son amie. « T'es vraiment pas sortable, toi ! La prochaine fois, j'te sors avec un collier autour du cou et une laisse. Mais courte la laisse, hein, faut pas abuser, non plus. » Elle fit un clin d'oeil à Lua. Elle se pencha ensuite vers l'oreille de cette dernière, avec une mine de conspiratrice. Bien sûr, elle ne se penchait que pour la forme. La vérité est qu'elle ne connaissait pas la discrétion. Elle ne savait pas chuchoter. C'est pour cette raison qu'on la disait souvent grande-gueule. Et qu'elle ne prenait pas la peine de faire croire le contraire. « En plus, il paraît que c'est un fantasme très apprécié au sein des sado-masochistes. » dit-elle en prenant le ton de la confidence. Aucune honte, aucun tabou, Antonella avait l'habitude de parler de tout sans prendre de gants. Elle affectionnait surtout les sujets tabous, d'ailleurs. C'était son petit plaisir de pouvoir choquer des personnes. Quelqu'un avait d'ailleurs apparemment entendu son commentaire, car il lui lança un regard. Regard qu'elle rendit par un clin d'oeil suggestif, avant d'emmener Lua plus loin.
  

HRP:

Lua fit une fausse grimace en entendant les exigences d'Antonella pour ce qui était de son "appellation", et les deux filles se dirigèrent vers l'accueil du zoo en riant, non sans une énième frasque, qui consista en un aboiement après un pauvre père de famille, de la part de notre jeune anglaise. Anto' était pliée de rire, et, à vrai dire, Lua aussi. Il fallut bien quelques minutes à nos deux demoiselles pour se calmer, et encore, elles avaient les larmes aux yeux. Décidément, elles n'arriveraient jamais à atteindre ce fichu hippopotame, et encore moins avec une réputation saine et sauve; mais ce n'était pas ce qui les inquiétait le plus. En fait, elles n'en avaient strictement rien à faire - pour Lua du moins, mais elle imaginait que sa camarade partageait son point de vue.

Après avoir finalement réussi à rentrer et à payer leur entrée, les deux acolytes prirent un plan du zoo et Lua le déplia en entier afin de trouver l'emplacement des hippos, si bien qu'elle était entièrement cachée par ledit plan. Avait-on idée de faire un plan si grand et si illisible? Franchement, n'aurait-il pas été logique de mettre les dauphins à côté des tigres? Mais non, il fallait qu'ils soient à l'opposé les uns des autres, forcément. Comment allait-elle trouver les hippopotames - THE hippopotame? Avec les faucons, bien sûr, ç'aurait été cohérent, mais non, évidemment! Ç’aurait été trop simple! C'était à croire que sa propre logique était à revoir. Comment ça, bien sûr? Mais non ! Elle était très bien, sa logique !

Lua lâcha la carte d'une main pour se gratter le lobe d'oreille gauche - comme à son habitude lorsqu'elle réfléchissait -, ce qui eut pour effet qu'un côté entier de la carte s'affaissa sur le sol. La jeune fille était encore en train de galérer pour rattraper les pans de la carte qui lui échappaient ou s'affaissaient les uns après les autres, lorsque sa compagne lui lança une remarque sur le fait qu'elle n'était pas sortable, en ajoutant que, cependant, la conduite en laisse était une pratique appréciée des sados-masochistes.
Ah! Sa camarade croyait-elle la choquer? Il en fallait bien plus pour impressionner la demoiselle Fleming. Elle rangea cette fichue carte puis, après s'être laissée entraîner plus loin, Lua susurra à l'oreille de son amie :
- Ça tombe bien, on aura plus de choses à raconter sur nos prétendus ébats à nos chers amis. N'est-ce pas? D'ailleurs, regarde qui est là.
Un garçon qui faisait partie desdits amis passait par là. Mesure de précaution, La jeune fille enlaça rapidement la taille de son "amoureuse" et la relâcha quand elle vit que le jeune homme ne les avait pas vues et continuait son chemin.

HRP:

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Antonella observa son amie galérer avec la carte, n'essayant pas vraiment de l'aider. Elle devait avoir les choses bien en main. Et puis, elle s'était proposée pour le faire, alors autant qu'elle le fasse seule ! La jeune italienne fit son petit commentaire, avant d'entraîner sa camarade plus loin. Et cette dernière n'avait apparemment pas dit son dernier mot. « Ça tombe bien, on aura plus de choses à raconter sur nos prétendus ébats à nos chers amis. N'est-ce pas? D'ailleurs, regarde qui est là. » Eh bien oui, bien sûr ! Après tout, pourquoi leurs amis ne pourraient pas être au courant de leur prétendue vie sexuelle ? Bon, d'accord, ça ne choquait pas des masses la demoiselle. Elle avait l'habitude de parler de sujets tabous avec légèreté et sans honte, donc elle abordait le sujet de la sexualité avec facilité, souvent.
Quoiqu'il en soit, Anto' suivit le regard de Lua, jusqu'à apercevoir un de leurs amis. Elle se laissa enlacer la taille, et se pencha vers l'oreille de son amie, un grand sourire aux lèvres, pour augmenter l'atmosphère de complicité qui règnait entre elles. « Tu penses qu'il est là pour nous ? C'est une drôle de coïncidence, quand même. » Et elle le pensait effectivement, même si elle n'avait pas des masses envie de s'encombrer le cerveau avec ce genre de réflexion, ce jour-là. Elle était là pour se détendre, après une rude semaine passée à bosser comme une acharnée ses cours de médecine. Et puis, leur ami ne les avait pas vu, et elles s'écartèrent donc.
Anto' donna une petite claque sur le derrière de son amie, avec un grand sourire. « Bon allez, miss maso, tu nous conduis à l'hippopotame ? Je propose que tu sois nôtre guide pour aujourd'hui ! Étant donné que tu avais l'air très concentré sur ton plan... » Pourquoi se casser la tête, quand d'autres pouvaient le faire à sa place ? Elle s'apprêtait donc à suivre sa camarade, sans poser de questions. Bon, peut-être que si cette dernière se perdait et faisait trois fois le tour du zoo, Anto' finirait par s'en rendre. Mais encore, ce n'était pas sûre. Elle avait décidé d'être une suiveuse, pour une fois.

Suite à ces échanges, qui auraient pu paraître choquants à des personnes plus sensées, mais qui étaient tout à fait normaux pour les deux amies, Lua rit quand Anto' se demanda si le jeune homme qu'elles avaient reconnu était là pour elles.
- Evidemment que non, tiens, bécasse. Sinon il nous aurait cherché un peu plus bas, au lieu d'avoir le nez en l'air comme ça.
Elle rigola encore lorsque son amie lui claqua le postérieur - oui, en fait, elle avait peut-être un côté maso, finalement - et reprit son plan, très concentrée. Elle fronça les sourcils, contrariée. Pff. Pourquoi le monde ne respectait-il pas la logique Fleming? C'était trop injuste!
Repérant enfin la cage de l'hippo sur la carte, elle entraîna sa camarade dans les allées du zoo, sans savoir exactement si elle allait dans la bonne direction. Eh quoi, il ne fallait pas trop lui en demander non plus!

En chemin, elle continuait de lancer des remarques sur un peu tout et n'importe quoi, de sa couleur préférée de lacets à la qualité à tendance déclinante des Walt Disney, en passant par les avantages du flan à la poire par rapport au fondant au chocolat. Elle aurait cru pouvoir continuer à blablater ainsi pendant des heures sans se lasser - et sans laisser Antonella en placer une, au passage -, lorsqu'elle se rendit compte que, à force de tourner en rond sans s'en apercevoir, elles étaient retournées à l'accueil. Lua fit les gros yeux, gonfla les joues. Ce zoo était vraiment mal f...ichu.
- Bon, eh bien, je crois qu'on n'a plus qu'à demander notre chemin. Ou bien peut-être es-tu plus douée que moi en ce qui concerne la lecture des cartes? fit-elle à son acolyte.

En effet, le sens de l'orientation de la jeune Fleming était plutôt réduit. Non, pas réduit, que dis-je, inexistant. Nuance non négligeable. Il lui arrivait de se perdre entre chez elle et son gymnase, alors qu'elle faisait l'aller-retour au moins une fois par jour quand ce n'était pas deux ou trois. Alors dans un zoo inconnu, laissez-moi rire. Mais pourquoi avait elle tenu à diriger les opérations, déjà? Quoi qu'il en soit, ç'avait été une très, très mauvaise idée.

... N'empêche, mauvaise idée ou pas, c'était plutôt comique et ça ne serait pas ça qui lui gâcherait son après-midi. RIEN, mais alors rien ne pourrait le lui gâcher. Rien ne pouvait jamais rien gâcher, en fait. Quand elle avait décidé de s'amuser - et elle prenait cette décision plutôt fréquemment - , elle s'amusait, et rien ne pouvait la détourner de son but initial. Alors, elle riait pour rien, et même si ça n'avait rien de drôle, comme perdre trois bons quarts d'heure en cherchant son chemin pour arriver à trouver un p... d'hippopotame, elle trouvait ça absolument poilant.

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Antonella faisait confiance à Lua pour les guider jusqu'à la cage de l'hippopotame. Mais c'était visiblement une très mauvaise idée. La jeune femme les baladait dans le zoo, en parlant de tout et de rien, abordant les sujets les plus improbables qui soient. Notamment les avantages du flan à la poire, vis-à-vis du fondant au chocolat. L'italienne se permettait quelques petites remarques, mais c'était bien sa camarade qui contrôlait la conversation, ne laissant pas la demoiselle placé plus d'une phrase à la suite. Mais ça, Anto avait fini par s'habituer. Depuis qu'elles se connaissaient, Lua avait toujours été aussi bavarde. Au final, on fait toujours pas s'y faire. Mais là où on a plus de mal à se faire, c'est quand on parle tellement que, eh bien, on ne voit pas où on va. Et c'est ainsi qu'elles se retrouvèrent à l'entrée du zoo. Anto arqua un sourcil en se tournant vers la coupable. « Bon, eh bien, je crois qu'on n'a plus qu'à demander notre chemin. Ou bien peut-être es-tu plus douée que moi en ce qui concerne la lecture des cartes ? » La Matteï sourit. Ce n'était pas dur d'être plus douée que sa camarade, dans la lecture des cartes. Vu que celle-là n'y connaissait apparemment rien. N'avait-elle jamais appris ça, quand elle était plus jeune ? Antonella non plus, à vrai dire, mais là n'était pas la question. Ce n'était pas ses parents qui auraient pu le lui apprendre, étant donné qu'elle leur menait la vie dure depuis toujours. Et ça ne pouvait pas non plus être en cours, car elle était très dissipée, avant.
« Laisse-moi faire ! » Elle récupéra la carte, mais n'y jeta pas un coup d'oeil, préférant se diriger vers une personne qui allait manifestement quitter le parc. Elle lui demanda s'il savait où était la cage des hippopotames, il lui indiqua brièvement comment s'y rendre. Elle hocha la tête, puis le remercia en souriant, avant de retourner vers son amie. « Allez, suis-moi, espèce de guide de pacotille ! Et je te préviens, si tu retouches à une carte ou un plan de t'avis, rappelle-moi de pas te faire confiance. » Elle roula des yeux avec une moue tout ce qu'il y a de plus exagérée, puis entraîna Lua vers la direction indiquée par l'homme, en marchant lentement, prenant son temps pour regarder les animaux, ce qu'elles n'avaient bien évidemment pas eu le temps de faire pendant leur premier tour.
« Regarde, les dauphins ! » s'exclama-t-elle soudainement en courant vers eux, un grand sourire aux lèvres. Elle sortit son portable, pour prendre une photo. Enfin, une photo, c'est vite dit. Elle en prit plusieurs en fait, tentant de capturer sur son appareil, les images des ces animaux en plein saut. Et c'était assez difficile à faire, il faut l'avouer.

HRP:

UNE BALADE EN AMOUREUSES ? NOPE, PAS TOUT A FAIT.
FT LUA FLEMING & ANTONELLA MATTEÏ.

Tandis qu'Antonella était toujours sur ces dauphins, Lua avait pris la direction des flamands rose. Mais, bien évidemment, elle n'était séparée que depuis quelques minutes, quand la Fleming appela son amie. « Anto', Anto'! Viens voir comme ils sont magnifiques. T'as vu, ils sont tous roses. » La demoiselle éclata de rire, avant de se retourner. Si elle appréciait tant sa camarade, c'était parce qu'avec elle, elle avait l'impression de régresser. Elle avait l'impression de devenir une enfant insouciante et naïve, qui sautait et courrait partout, les yeux brillant. Elle avait l'impression de vivre une enfance, qu'elle n'avait vécu qu'à moitié, la première fois, à cause de sa situation familiale. Mais revenons au moment présent. Elle regarda Lua, avant de lui crier « D'un autre côté, imagine si les flamands roses étaient rouge... le choc ! » Puis elle rigola, prit un dernier cliché des dauphins, et rejoignit sa camarade. Et ce qui était vraiment triste là-dedans, était qu'à une seconde près, elle aurait pu assister à l'envol des flamands. Mais bien évidemment, elle les avait loupés ! La demoiselle avait beau être un peu déçue, elle se disait que tant pis, elle les verrait une autre fois. Mais cette bonne résolution était sans compter Lua, qui bien sûr, remua le couteau dans la plaie, tout à son émerveillement. « Ouah, Anto', regarde, comment c'est trop beau quand ils s'envolent! Oh, zut, tu les as loupés ! » Anto feignit de geindre, comme affreusement touchée par ce malheur. Elle plaça ses mains sur son visage, cachant ses yeux, et poussant des sanglots. « Oui, je les ai loupés, je... je... je vais me... me sui... me suici... m'enfin bref ! » Elle se redressa, retira ses mains et repartit, comme s'il ne s'était rien passé, entrainant bien évidemment Lua avec elle, en la prenant par le coude. Elle regardait les différentes cages et enclos d'un air curieux, puis s'arrêta brusquement, forçant son amie a effectuer un arrêt tout aussis brutal. Anto se tourna vers cette dernière, un sourire victorieux aux lèvres. « Nous l'avons trouvé ! Enfin, enfin, nous avons enfin vaincu. Notre quête s'achève ici, mon amie. Et ce soir, quand nous serons allongée dans nos lits respectifs, à regarder le plafond, nous pourrons nous dire "je l'ai trouvé" et nous endormir l'esprit en paix. » Elle rit brièvement, puis se détourna et rejoignit en trottinant l'enclos de l'hippopotame. Il faut avouer qu'elle était assez rassurée de l'avoir enfin trouvé.

Lua écouta à peine la remarque de sa camarade sur la couleur des flamands roses, fascinée par leur envol spectaculaire. Elle se frotta les yeux et, le temps de les rouvrir, la majorité des oiseaux fantastiques avait disparu. Il n'en restait que deux ou trois. La jeune fille haussa les épaules et éclata de rire à la fausse déclaration de suicide imminent d'Antonella quand cette dernière apprit qu'elle avait loupé le départ des flamands. Elle se laissa entraîner par sa comparse, la laissant mener la conversation, pour une fois, et s'arrêta net quand elle vit où elles avaient fini par atterrir. Pendant qu'Anto' prononçait un discours solennel, Lua fit mine de tomber à genoux en levant les bras au ciel. Encore du cinéma pour pas grand-chose... Oui, mais c'était si drôle.
- Mon amie, ou plutôt ma chère et tendre, devrais-je dire, nous sommes à présent sauvées de l'ignorance éternelle!
Elle se releva, frotta la poussière sur ses genoux.
- Dis donc, il nous en aura fait baver, cet hippo. Je savais pas que le Graal ressemblait à ça, en vrai.
Elle s'approcha de la cage de l'animal, l'examina de haut en bas, et lança sur un ton exagérément condescendant et affecté:
- Et puis, il n'est même pas si gros que ça, au final.
C'est vrai, quoi, il était certes un peu - beaucoup - plus grand que les autres, mais pas de quoi en faire un plat!
... Oui, bon, d'accord, il était vachement impressionnant, en fait. Au moins la taille de Lua, voire un peu plus. Et non, la jeune Fleming n'était pas naine. Quoique, dire que c'était une géante serait un abus de langage plutôt conséquent.

HRP:

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Bien évidemment, après avoir attendu qu'Antonella ai fini, Lua y alla également de ses commentaires. Ça fit sourire l'italienne, de voir à quel point elles étaient semblables, sur certains points. « Et puis, il n'est même pas si gros que ça, au final. » Les dernières paroles de Lua firent pouffer Antonella. Mais bien sûr, il n'était pas très gros ! Il était immense, plutôt. La demoiselle se pencha en avant, pour pouvoir observer la bête d'un peu plus près. Comme si ça allait changer quelque chose. Puis, elle donna un coup de coude à sa camarade. « C'est sûr, il est pas très gros ! En attendant, s'il voulait, il pourrait te croquer en une bouchée. » Comment ça, ce n'était pas très plausible, les hippopotames ne raffolant pas de chair humaine ? Et alors ? Dans le monde d'Antonella, c'était le cas. Le reste, en s'en fichait.
Finalement, elle prit une photo, puis se détourna en soupirant, s'adossant du mieux qu'elle put contre la grille qui lui arrivait juste un peu au-dessus des hanches. Et elle jeta un regard autour d'elles. « N'empêche qu'on a perdu autant de temps pour ça... Pas que je l'aime pas, hein, mais ça n'en valait pas le coup ! Quoiqu'une journée avec toi vaut bien tout l'or du monde, hein, Amour ? » Et sur ces bonnes paroles, elle fit un clin d'oeil à son amie. Elle n'avait jamais appelé personne comme ça, auparavant. Mais elle s'était parfois demandée ce que ça faisait. Oh, bien sûr, en d'autres circonstances, notamment avec quelqu'un avec qui elle sortait vraiment, ça aurait été mieux, mais bon. Qui savait quand elle se retrouvera à nouveau en couple ? En attendant, toute forme d'expérience était bonne à prendre. elle étouffa alors un bâillement et regarda Lua. « Bon, c'est pas que je m'ennuie, hein, mais ça te dit qu'on aille se manger un morceau ? » Oui, il n'y avait pas vraiment de rapport entre manger et s'ennuyer, mais elle s'en fichait. Très très impulsive sur les bords - et pas seulement sur les bords -, elle avait tendance à parler et à réfléchir après. Quand elle réfléchissait. Sa vie hors de fac formait un énorme contraste avec sa vie d'étudiante, où elle était constamment concentrée et attentive.

Aller manger. A cette simple évocation, Lua sentit son système digestif se tortiller dans tous les sens, réclamant une nourriture attendue depuis un bout de temps - mais elle ne s'en était pas encore rendue compte, trop occupée avec ses flamands roses et son hippopotame. Elle prit son amie par la main et l'entraîna vers un des cafés du zoo, juste en face. Heureusement, il était à portée de vue, ce qui évita aux deux demoiselles de se perdre encore une fois - quoique, avec Lua, tout était possible.
- Bonne idée. Je crève de faim.
Elle choisit une table, écartant une chaise pour Antonella avec une révérence dans un geste exagérément théâtral, soulevant son chapeau. Elle s'assit ensuite en face, commanda un beignet fourré au chocolat fondu et confiture de fraise - bien entendu, il n'était pas sur la carte, elle venait de l'inventer - et le fameux milk-shake banane-chocolat qu'elle prenait toujours, partout, dans n'importe quel café ou bar, qu'il soit prévu dans le menu ou pas, elle s'en fichait, de toutes façons on finissait toujours par le lui apporter après un magnifique battement de cils à la Bambi. C'est ce qu'elle fit avec le serveur, et ça ne rata pas, encore une fois.

Une fois ce dernier reparti, la jeune Fleming se retourna vers Anto'.
- Bon alors, dis moi. Pourquoi m'avoir traînée au zoo?
«  Traînée » n'était pas exactement le mot juste. Il n'avait pas fallu longtemps à Lua pour accepter cette invitation. En fait, elle avait carrément sauté dessus. En tant que grande gamine, comment aurait-elle pu faire autrement? Mais là n'était pas la question, elle ne se souvenait vraiment plus pourquoi elles avaient décidé, avec sa comparse, de faire une virée entre fausses petites-amies. Elle croyait bien se souvenir qu'il y avait une raison spéciale, mais elle ne s'en souvenait absolument pas. Ah, si, peut-être... Euh, non, en fait. Mais qu'est-ce qui avait bien pu amener les deux filles par ici? C'était quand même préoccupant, tiens, à ce rythme-là, si ça continuait, la Fleming ne tarderait pas à être Alzheimer.

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Suite à la proposition d'Antonella, cette dernière laissa Lua la traîner par la main en direction d'un café qui n'était qu'à quelques pas. Encore heureux. Il n'aurait plus manqué qu'elles se retrouvent à arpenter à nouveau le parc comme des âmes en peine, cherchant désespéremment un endroit où manger. Et en parlant de manger, la demoiselle avait tout particulièrement faim. Elle se creusa la mémoire, tentant de se rappeler si elle avait déjeuné. Elle en vain à la conclusion que oui, mais que ce n'était pas grave. Elle allait quand même se régaler ! Et tandis que Lua commandait un beignet fourré au chocolat fondu et à la confiture de fraise, ainsi qu'un milk-shake banane-chocolat – quels drôles de goûts -, la Matteï hésitait. Mais finalement, elle demanda un café bien noir, trop addict à ce breuvage pour s'en passer, même si elle n'était pas particulièrement fatiguée. A cela, elle ajouta un muffin aux pépites de chocoats et un autre fourré au caramel. Puis elle se tourna vers son amie et lui sourit. Oui, elle avait faim, et alors ? Peut-être même qu'elle se prendrait autre chose, avant de partir.
« Bon alors, dis moi. Pourquoi m'avoir traînée au zoo? » Antonella cligna des yeux. En fait, elles n'avaient même pas véritablement discuté de ses motivations. Elle avait proposé, Lua avait accepté, et ça s'était à peu près passé comme ça. L'italienne regarda le comptoire, s'attendant à reevoir sa commande à tout momment, mais ce ne fut pas le cas. A tous les coups, c'était le beignet de Lua qui les retardait. Anto leva les yeux au ciel. « En fait, j'me disais que ce serait pas mal qu'on se change un peu les idées. » Et puis elle regarda Lua dans les yeux, et se dit que, même si elle était très bonne menteuse, elle refusait de l'être avec sa camarade. Enfin, là, ce n'était pas exactement un mensonge. C'était plus une demi-vérité. Finalement, elle soupira, puis fit la grimace. « Bon, d'accord, la vérité, c'est que j'avais, moi, besoin de me changer les idées. Ça devient de plus en plus insupportable à la maison, Lua. Je supporte plus ma famille, je supporte plus ces prières, ces sermons, ces... raaaaaah. Je pense que si j'étais restée une seconde de plus, j'aurai fini par commettre un meurtre. » Elle laissa planer un instant ses paroles dans l'air, le temps que la Fleming les comprenne, les assimile, et entrevoie peut-être où la demoiselle voulait en venir. Puis cette dernière se jeta à l'eau. Enfin, façon de parler. Elle n'était pas spécialement timide. Mais c'était un peu gênant... « Lua, est-ce que je pourrais passer la nuit chez toi ? En mode pyjama parti, vieux souvenirs, ect... S'il te plaît ? » Elle lança un regard suppliant à la Fleming.

Après avoir commandé son milk-shake et son beignet, Lua pivota sur sa chaise et étendit les jambes sur la table, sans se soucier de la bienséance, comme d'habitude. Elle demanda à Anto' pourquoi elles étaient là, déjà, et celle-ci lui répondit alors que la Fleming se creusait encore la mémoire, à la recherche de la réponse à sa propre question, se triturant le lobe d'oreille gauche comme à chaque fois qu'elle réfléchissait. Elle haussa un sourcil interrogateur. Se changer les idées? Comment ça? Et puis, vint la deuxième phrase d'Antonnella, et elle comprit beaucoup mieux. Elle soupira.
- Ah, oui, ta famille... Je les connais même pas, mais d'après ce que j'ai entendu dire, c'est vrai que... Enfin, voilà quoi.
La façon préférée de Lua pour terminer ses phrases. « Enfin, voilà quoi. » Ca voulait tout dire et rien dire en même temps, et c'était surtout tellement peu explicite que ça lui correspondait bien. Encore un truc qui faisait que personne ne comprenait rien à ce qu'il se passait dans sa tête.

Elle écoutait Anto' d'une oreille, épiait les conversations des autres tables de l'autre. Cependant, elle se concentra sur son amie lorsque celle-ci l'implora pour une soirée pyjama. Lua afficha alors ce sourire banane qu'elle avait lorsqu'une perspective amusante s'annonçait.
- Un peu que tu peux ! Y'a rien de plus drôle qu'une soirée pyjama. En plus, mon père est pas là ce soir, on va pouvoir mettre le souk dans la maison!
Elle se mit à se tortiller sur sa chaise, soudainement électrisée par cette possibilité. Elle adorait les soirées pyjama depuis toute petite. Ça serait encore mieux avec cette fille aussi folle qu'elle qu'était Anto'.
- Et puis, tu sais quoi, j'ai deux paquets de Chamallows qui n'attendent que nous.
Elle jeta un coup d’œil à sa montre rouge flash. Seize heures. Elles avaient largement le temps de faire autre chose en attendant, mais il aurait déjà fallu que leurs commandes arrivent. Lua sentit son estomac se tordre, elle grommela :
- Bon, ça vient, oui? J'ai faim, zut.

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Suite à ses paroles, Antonella attendait avec impatience une réponse de son amie. Oui, non, peut-être, qu'allait-elle dire ? Bon, bien sûr, c'était assez stupide, étant donné que la demoiselle savait très bien qu'elle pouvait compter sur Lua. Il y avait de très grandes chances qu'elle accepte. Mais sait-on jamais. Elle attrapa une mèche de ses cheveux, et commença à jouer avec, avant de sourire quand sa camarade répondit. C'était positif, bien sûr. Elle était contente et s'apprêtait à répondre, au moment où Lua se plaignit que leurs commandes ne soient pas encore arrivées. Et, comme si les serveurs l'avaient entendu, deux secondes plus tard, un jeune homme arriva, plateau en main, pour leur apporter leur boisson et la nourriture. Antonella hocha la tête, puis remercia d'un grand sourire, et attrapa sa tasse de café. Elle en prit une grosse gorgée, ne se souciant pas que le liquide brûlant lui crame la langue. Elle était habituée, à ça. Ensuite, elle enleva un petit bout à son muffin et s'apprêta à le mettre dans sa bouche, quand elle se rappela qu'elle avait quelque chose à dire. Elle se redressa et regarda sa camarade, les yeux brillant. « Si tu veux, je peux même passer chercher mon disque dur, pour qu'on se regarde un bon petit film. Et puis, comme je suis une invitée vraiment exceptionnelle, je peux faire la cuisine, aussi. » Elle mit – enfin – le morceau de muffin dans sa bouche, puis mâcha lentement, pour laisser les pépites de chocolat régaler son palet. « Par contre, je ne promets pas de faire de la cuisine de pro. Ni même que ce soit mangeable, en fait. Ça te dit je nous paye une pizza ? » Elle rigola, en constatant son piètre talent culinaire. Elle était capable de rater des pâtes. Mais faut dire, aussi, qu'étant donné le temps qu'elle passait à travailler, elle préférait ne pas en perdre en bonne cuisine. Généralement, elle se contentait de plats froids ou microondable. Et puis, quand bien même elle avait un peu de temps, elle préférait le passer comme ça, avec des amis. C'était quand même plus agréable. Et puis, ça lui permettait de décompresser.
Son ventre se mit alors à se rappeler à sa mémoire, et elle engouffra en quatre bouchées le reste de son muffin aux pépites de chocolat, faisant passé le tout avec une gorgée de café. Puis elle s'étira, s'adossa plus confortablement contre le dossier de sa chaise, et commença à réfléchir à ce qu'elles allaient voir ensuite. Et elle avait une petite préférence pour les chèvres, d'ailleurs.

Au moment même où Lua grognait parce que les commandes mettaient du temps à arriver, le serveur approcha de leur table et déposa devant la jeune fille un plateau supportant un magnifique beignet doré à souhait et un milk-shake dans un immense gobelet en carton qui, ma foi, avait l'air plutôt appétissant. Lua écarquilla de grands yeux émerveillés et s'en pourlécha les babines. Bon sang, elle en baverait presque à l'avance. Au diable le régime ! Elle était censée avoir une alimentation assez stricte, du fait de sa profession de gymnaste, mais évidemment, elle s'en fichait royalement. Et puis zut, hein. Elle arracha une portion de beignet d'un coup de dents, avala une gorgée de sa boisson, et se mit à rire à la proposition d'Antonella de faire la cuisine pour leur petite soirée.
- A moins que tu ne tiennes absolument à cuisiner... Je crois qu'une pizza ira très bien. Et puis, pour le disque dur, je crois que ça devrait aller. Mon père est un cinéphile pur et dur, il a une collection de DVDs gigantesque, alors, avec en plus mes propres films, on a de quoi faire pour les trois ans à venir.
Elle attaqua la partie fourrée du beignet, en fondit littéralement d'extase. Sacrebleu, qu'est-ce que c'était bon! Comment pouvait-on préférer à cette merveille un muffin et un café? Surtout le café. Noir, comme ça, berk. Bien trop amer. Lua, en grande gamine qui se respecte, préférait de loin le sucré. L'écœurant, même. Rien de meilleur qu'un yaourt dans lequel le volume de sucre en poudre était plus important que celui de lait caillé. Ou ce fameux beignet fourré. Et le milk-shake! Glacé, à vous en faire exploser les dents, et surtout tellement sucré qu'il en devenait vomitif. Voilà quelque chose de bon et rafraîchissant.
Un café noir. Et puis quoi encore?

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« A moins que tu ne tiennes absolument à cuisiner... Je crois qu'une pizza ira très bien. Et puis, pour le disque dur, je crois que ça devrait aller. Mon père est un cinéphile pur et dur, il a une collection de DVDs gigantesque, alors, avec en plus mes propres films, on a de quoi faire pour les trois ans à venir. » Antonella hocha lentement la tête, montrant qu'elle avait compris les paroles de son amie, tandis que son regard vague était plongé vers un point précis on ne sait où. Sa main droite, quand à elle, récupéra un bout de son muffin au caramel, qu'elle trempa dans son café, avant de l'avaler. Un grand sourire orna son visage. Qu'est-ce que c'était bon ! Bon, un peu spécial, certes, dû à ce mélange sucré/amer. Mais c'était tout de même délicieux. Enfin, pour elle. Parce que ce serait trop étonnant que tout le monde ait les mêmes goûts qu'elle. Suite à ça, elle avala une grande gorgée de café. Son café bien noir et elle, c'était toute une histoire d'amour. Elle avait commencé à en prendre dès le début de sa première année de médecine, pour tenir le coup, et en était vite devenue accroc. Maintenant, elle ne pouvait plus se passer de ce breuvage. Une de ses amies se moquaient d'ailleurs parfois d'elle, en lui disant qu'elle ferait mieux de s'inscrire aux aux caféïnoliques anonymes. Oui, elle aimait bien inventer des mots, aussi.
« J'espère que vous avez des dessins animés, alors, parce que j'aurai bien envie d'en regarder un, ce soir ! Un truc comme Pocahantas. Ou Madagascar, tiens.  » répondit-elle finalement à Lua. Elle lui sourit, d'un immense sourire lumineux et légèrement enfantin. Mais c'était fait exprès. Elle aimait jouer à la gamine, parfois. Surtout quand ça pouvait énerver ses parents. Elle finit doucement son muffin, savourant bien le goût dans sa bouche, puis elle regarda son café, dont il restait encore la moitié. Et elle allait la savourer, cette moitié ! Après tout, c'était sûrement son dernier café de la journée. Sauf si elle arrivait à s'en faire un chez sa camarade...
« Sinon, tu veux faire quoi, après ? On reste au zoo ? » demanda-t-elle ensuite, en regardant la Fleming.

Suite à ses considérations dégoûtées sur le café d’Antonella, Lua avala ce qui restait de son beignet et posa ses coudes sur la table, poings fermés en-dessous de son menton, faisant mine d’être passionnée par le spectacle de son amie en train de tremper son muffin dans le breuvage noir et amer. Lorsque Anto’ parla de dessins animés, le regard de la Fleming s’éclaira.

— Alors là, tu sais pas de quoi tu parles !

En effet, la jeune fille avait toujours adoré les films d’animation, les Walt Disney en particulier. Comme tous les enfants, elle avait été bercée dedans mais, au contraire de la majeure partie de la population, elle avait continué à les re-visionner et à suivre les sorties des nouveaux passé l’âge de douze ans. Les dessins animés, grand amour perpétuel de la jeune fille. En première place, même devant le milk-shake banane-chocolat et le beignet fraise-nutella, c’est dire.

— Personnellement, Raiponce ou Rebelle me parlent bien, mais Pocahontas, pourquoi pas. Madagascar, bof, j’suis trop d’humeur romantique, aujourd’hui.

Elle fit un clin d’œil à sa prétendue petite-amie, et se mit à se balancer nonchalamment sur sa chaise, une sorte de tic qui datait de quand elle était à l’école et qu’elle avait conservé sans s’en rendre compte. Anto’ demanda ce qu’elle avait envie de faire ensuite, et Lua remit les quatre pieds de son siège sur le sol, se triturant le lobe d’oreille droit comme à chaque fois qu’elle réfléchissait avant de parler — ce qui, il faut bien l’avouer, était somme toute assez rare.

— Je sais pas… On n’a pas encore été voir les chèvres, je crois. Ça te dit ?
Sur ce, sans vraiment attendre de réponse, la jeune fille se leva, attendant que son amie finisse sa collation. Elle en avait marre d’être assise.

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« Personnellement, Raiponce ou Rebelle me parlent bien, mais Pocahontas, pourquoi pas. Madagascar, bof, j’suis trop d’humeur romantique, aujourd'hui. » Antonella réfléchit un instant à toutes ces propositions. Elle n'était pas spécialement d'humeur romantique, elle, mais c'était assez habituel. Pourquoi se lamenter de sa vie amoureuse devant un film à l'histoire si belle ? Bon, d'accord, elle le faisait, parfois. Même si elle n'était pas vraiment du genre à pleurer, en fait. Elle le faisait assez rarement, et quand c'était le cas, c'était toujours pour de bonnes raisons. «On peut enchaîner les deux, dit-elle soudain. Pourquoi pas Raiponce puis Pocahontas ? » Rien de mieux qu'une charmante soirée films, en compagnie d'une amie, pour se requinquer et bien dormir. Elle était si fatiguée et si lasse, en ce moment, que cette petite pause lui ferait le plus grand bien. C'était à la fois une pause dans ses devoirs, mais en plus, une pause dans sa famille, alors quoi demander de plus ? Elle sourit à son mie, tentant de faire passer toute sa reconnaissance dans ce sourire.

Puis la Fleming proposa d'aller voir les chèvres. Anto hocha la tête, exprimant son accord, puis remarque que sa camarade semblait impatiente de partir. Elle eut un petit rire, puis but une lente gorgée de son café, histoire de le savourer, avant de le finir d'un coup. Puis elle se leva, pleine d'énergie, la caféine s'écoulant dans ses veines. « Bon, allons voir les chèvres ! » s'exclama-t-elle. Elle attrapa son amie par le bras, la traîna sur plusieurs pas, avant de s'arrêter. Quelle idiote. Elle ne savait absolument pas où se trouvait l'enclos des chèvres, les sourcils froncés. « Bon, que fait-on ? On ccompte sur notre chance légendaire ? On regarde sur le plan ? Ou on demande de l'aide ? Au pire, tant pis, on peut juste se balader en profitant des animaux, et on prie ensuite pour tomber sur les chèvres. » Elle aimait bien cette idée-là, en fait, sans prise de têtes.

Lua, tout en regardant son amie finir son muffin et son café, eut un grand sourire quand Anto' parla de regarder deux Walt Disney à la suite. Voilà qui donnait un programme plutôt sympa.
— Alors va pour Raiponce puis Pocahontas.
La jeune fille fit un immense sourire à la jeune Matteï, toute contente. Cette soirée allait être géniale.
Oui, bon, d'accord, rien d'exceptionnel à regarder des films en compagnie d'une amie squatteuse, mais chez les Fleming, on aimait les choses simples, pas prises de tête. Surtout pas prise de tête. Et justement, ça tombait bien, la soirée qui s'annonçait promettait d'être à la fois reposante et complètement dans l'esprit de phase de régression qui habitait Lua en ce moment. On aurait dit qu'elle se forçait à rester bloquée sur la case enfance.

Lorsque la jeune gymnaste proposa d'aller voir les chèvres, elle s'était déjà levée en attendant que sa camarade termine complètement sa tasse de café, et cette dernière se leva d'un bond à son tour en traînant presque Lua derrière elle. Au bout de quelques pas cependant, elles s'arrêtèrent, et Antonella proposa différentes manières de trouver l'enclos des chèvres.
— Hum, effectivement, en comptant sur notre mythique sens de l'orientation, on a peu de chances de s'y retrouver. Perso, je vote pour la dernière option.
Elle repartit donc, son amie sur les talons, se baladant allègrement au milieu des enclos, bavardant d'un peu tout et n'importe quoi - enfin, surtout n'importe quoi -, exactement comme une demie-heure auparavant lorsqu'elles cherchaient ce diable d'hippopotame.

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« Hum, effectivement, en comptant sur notre mythique sens de l'orientation, on a peu de chances de s'y retrouver. Perso, je vote pour la dernière option. » Antonella sourit. Elle se doutait bien que son amie préférerait cette solution aussi. D'un autre côté, si elles étaient au zoo, c'était avant tout en profiter pour regarder un peu tout les animaux – ou en tout cas le maximum – donc c'était un peu inutile d'en chercher un en particulier. C'est pour cette raison que la Matteï hocha la tête et suivie sa camarade. Elles se mirent à se promener dans le zoo en bavardant de tout et de rien, abordant tous les sujets possibles tout en s'arrêtant de temps en temps pour aller voir tels animaux et prendre des photos.
Finalement elles arrivèrent enfin à l'enclos des chèvres. C'était un enclos dans lequel les visiteurs pouvaient entrer pour donner à manger ou caresser les animaux. La brune tourna la tête vers Lua, à qui elle fit un immense sourire. « On y est, on y est ! Tu viens on va leur acheter à manger ? » Elle se précipita vers une petite boutique qui vendait des popcorn froids, dont les chèvres étaient friands. Elle en acheta un paquet, puis entra dans l'enclos. « Regarde celui là-bas, s'enthousiasmait-elle en regardant un chevreau brun. Il est adorable ! » Elle se dirigea vers l'animal en question, ouvrit son paquet de nourriture dans lequel elle plongea la main, et proposa deux popcorn au chevreau qui les avala goulûment. Sauf que ce qu'elle n'avait pas prévu était que, appâtés par l'odeur et par la présence de nourriture, d'autres chèvres ne tardèrent pas à entourer la demoiselle qui éclata de rire en constatant ça. L'attitude des chèvres, qui la regardaient avec des yeux suppliants, l'amusait au plus haut point.