Un vent glacé souffla, ébouriffant les cheveux bruns de Lauren, déjà malmenés par les rafales précédentes. Une heure plus tôt, elle était allée rendre visite chez son client, afin de discerner les différentes contraintes qui pourraient être liées à l'environnement de l'espace à décorer et collecter quelques informations sur ses envies et ses besoins. Il s'avérait qu'il voulait un intérieur plutôt sobre contrairement à son amie qui, elle, désirait un intérieur riche et varié, chaleureux, accueillant qui relevait presque d'un univers imaginaire, tout en rappelant la présence du réel. Cette requête avait particulièrement troublé Lauren qui ne savait ni comment l'interpréter, ni qui écouter. Elle poussa un long soupir en pensant aux heures de travail que cette commande demanderait. Pourquoi tant d'acharnement? Il y avait à peine deux semaines de cela, elle avait reçu une commande semblable: il fallait juste remplacer "espace" par "chambre de jeux pour enfant", "sobre" par "normal" et "chaleureux" par "avec des représentation de divers jeux". Rien que de s'informer, cela avait demandé à Lauren une semaine entière de recherches sur Google et une autre semaine pour faire un équilibre parfais, de son avis, entre les deux demandes. Secouant la tête, geste rempli de désespoir pour la jeune adulte, elle se mit à marcher sur le dur pavé de la rue.

Elle marcha le long de la ruelle, regardant à droite et à gauche. Boutiques, restaurants défilaient devant ces yeux. Puis, elle aperçu un bar. Tiens, elle n'y était jamais allé à celui-là, il faudrait qu'elle aille y faire un tour un de ces jours. Elle demandera surement à Antonella de venir aussi boire un coup, à la fin des vacances de Noël. Elle ne voulait pas boire dans un bar remplis de gamins immatures.

En pensant à Antonella et aux gamins immatures, il était impossible pour Lauren de ne pas penser à sa "connaissance" Lua. Immature, oui, elle l'était, elle et son caractère extraverti. Lauren ne pouvait pas la supporter, et pourtant, par une raison inconnue, elle ne pouvait jamais se résoudre à ne plus lui parler. Mais ça, c'était avant qu'elles ne se voient plus depuis un bout de temps.

Trop occupée dans ses pensées, elle eut à peine le temps d'apercevoir une chevelure blonde avant de rentrer en collision avec une jeune femme d'une vingtaine d'années. Elle se releva tant bien que mal, avant d'offrir de l'aide à la malheureuse, victime son manque d'attention. "Excusez moi, j'étais perdue dans mes pensées et je ne..." dit Lauren, avant de s'interrompre et de contempler la personne à terre devant elle. Quand on parlait du loup....

Encore surprise par cette rencontre inattendue, Lauren dévisagea Lua. Cela faisait des mois qu'elles ne s'étaient pas vues, et Lauren remarqua avec amusement qu'elle n'avait pas changé d'un poil. Toujours cette même chevelure blonde et indomptable, cette préférence pour le rouge et le blanc et cette amour pour la musique. Une chose que les deux jeunes femmes partageaient, leur amour pour la musique. Lauren a toujours aimé écouter de la musique -peut être un effet secondaire de ses escapades nocturnes- que se soit pour se donner du courage ou se détendre, avant de dormir, par exemple.
Sortant de sa transe, la jeune Lewis se rendit compte qu'elle avait toujours la main tendue, pensant que Lua s'en aiderait pour se relever -attention inutile, Lauren avait totalement oublié que la plus jeune faisait de la gymnastique. Elle leva la main et profita de ce geste pour recoiffer légèrement ses cheveux, même si elle savait que c'était inutile étant donné que le vent semblait souffler toutes les trente secondes, et se gratta légèrement la nuque, un peu embarrassée. Puis, elle frotta ses vêtement, avec moins d'énergie que la plus jeune, et se lança à l'aveugle dans la conversation.
"Hey, coucou Lua! Oui, ça fait un bail... Je ne pensais pas te revoir avant longtemps! Tu ne m'as même pas donné ton numéro, alors que je vois que tu as un portable en état de fonctionner, dit Lauren.Surement ta mémoire de poisson rouge qui t'as fait oublier que tu ne me l'avais pas donné, n'est-ce pas?
Lauren ne pouvait pas s'en empêcher, c'était plus fort qu'elle. Elle était OBLIGÉE de faire une remarque. C'était surement l'écharpe rouge de Lua qui l'avait incitée à dire ça. Évidemment, son écharpe était rouge. Pour la jeune adulte, le rouge était la couleur du devil. Qui disait devil, disait aussi humour noir. Qui disait humour noir, disait remarque qui peut rendre irritable. Tel était le mode de fonctionnement de sa pensée -du moins, c'était ce que la jeune Lewis croyait. Et puis, elle vit le blanc du pantalon de Lua, souillé par la saleté qui était déposée sur le pavé de la rue. Blanc, gentillesse, mots doux. Vous suivez? Bref, Lauren quitta donc sa coquille un peu irritable et alla se réfugier dans une autre un peu plus tolérante et douce.
Sinon, ça va? Je pensais vraiment ne plus te revoir avant longtemps!