Faire les boutiques seule était d'un ennui terrible, pour Juliet du moins. Seulement voilà, l'héritière s'appliquait, depuis quelques semaines, à éviter soigneusement sa meilleure amie-accompagnatrice favorite dans les virées shopping. C'était plus fort qu'elle, la blonde était incapable de la regarder en face sans penser au deuil que la jeune fille portait. Aborder le sujet, impossible. Mais faire comme si de rien était, cette solution était autant insupportable. Alors acheter de nouvelles chaussures seule, voilà tout ce qui lui restait.

Malheureusement, au détour d'un rayon, Juliet aperçut la chevelure rousse feu de son amie. Vite, elle se cacha derrière la première gondole de jeans venue, se recroquevillant légèrement, elle pria pour que Scarlett ne l'ai pas aperçue, et continue son chemin au plus vite. Quand Juliet se redressa quelques minutes après, elle constata avec joie que la jeune fille avait disparue. Satisfaite, elle poussa un long soupir de soulagement, prête à reprendre son occupation ... Mais bien vite elle sentit une présence gênante dans son dos, se retourna ... Et tomba nez à nez avec Scarlett. « Scarlett, quelle surprise ... tu trouves ton bonheur ici ? » Au moins, le désarroi qu'éprouvait la blonde ne l'avait pas empêché d'être avisée, et de ne poser aucune question sur l'état actuel de son ami. Elle l'imaginait fort bien répondre qu'elle n'allait pas bien du tout. Logique, en même temps, quand on perd sa mère.

Le cerveau de Juliet fonctionnait à la vitesse de la lumière, afin de lui trouver une excuse valable. Non, nous ne nous sommes pas vues depuis des mois. Oui, je suis occupée. Mais à quoi ? Ces deux phrases ne seraient probablement pas suffisantes pour satisfaire la rousse. Et hors de question d'admettre que Juliet l'évitait effectivement. « Oui je suis très occupée ... Je me cherche un emploi en fait ! » mentit Juliet. Elle avait conscience que s'enfoncer dans une telle histoire produirait des conséquences peu glorieuses, mais right now, tout était bon, plutôt que d'avouer que le deuil de Scarlett la mettait mal à l'aise. Juliet était effrayée par tout ça, surtout sachant que l'affaire n'était pas encore élucidée. La Justice ayant toujours été un peu chienne avec elle - il faut dire que Ju n'a jamais été très sage non plus - elle préférait rester loin. Et puis, surtout, que répondre à Scar quand elle lui confierait que sa mère lui manque ? C n'était pas dans les cordes de la jeune fille. « Et comme je n'ai jamais rien fait, crois moi c'est difficile ! Personne ne veut laisser sa chance aux débutants ici. » Elle soupira, naturellement elle fabulait, inventait des couleuvres en priant pour que Scarlett les avale. « Et d'ailleurs, toi, ça se passe toujours bien ton travail ? » Détourner la conversation sur un sujet vrai était encore la meilleure solution afin de limiter les dégats. Elle aurait pu lui demander comment elle allait ... Mais poser cette question à quelqu'un ayant récemment perdu sa mère était la pire des débilités, à laquelle Juliet n'allait certainement pas se risquer.