Bas les masques ~ Elijah&Soralia [Terminé]

Les affaires marchaient pas mal pour le seul vendeur, spécialisé dans la musique, de l'île. Elijah aimait son commerce et tenait beaucoup à ce projet, symbole de la reprise en main de sa vie. Il en avait fait du chemin cet ancien adolescent drogué qui en terminale n'avait mit les pieds en cours que deux mois tout cumulé durant l'année. Il n'était pas fière de cette descente aux enfers, de s'être laissé sombrer ainsi en tournant le dos à tous ceux qui essayait de l'aider à l'époque. Il avait mis du temps à ouvrir les yeux, se rendre compte de son état et surtout de l'urgence d'arrêter les conneries. Ça n'avait pas été facile bien loin de là et c'est parce qu'il connaissait la difficulté de se sortir du terrible engrenage de la drogue que Elijah s'investissait en tant que parrain dans une association venant en aide aux junkies.
D'ailleurs en cette fin d'après midi il avait rendez-vous avec sa filleule, une jeune femme qui avait célébré ses six mois sans drogues récemment et à qui il voulait vraiment venir en aide. Le jeune homme appréciait d'aider les autres, il s'était révélé à avoir une très bonne qualité d'écoute et beaucoup de patience. Son empathie et son expérience étaient deux choses qui faisait de lui une aide précieuse pour ceux, qui comme lui l'avait fait, souhaitaient s'en sortir.

Rangeant le dernier lot de corde de guitare qu'il venait de recevoir, Eli regarda sa montre. La jeune femme, une étudiante passionnée de musique qu'il avait employé comme vendeuse à mi-temps n'allait plus tarder à arriver et il partirait pour les locaux de l'association. Il était très content de son travail et partait toujours l'esprit tranquille quand il lui confiait le magasin, ce qui était bien plus pratique pour lui que de devoir fermer le temps de son absence.
La dynamique demoiselle arrivait pour prendre son poste, après l'avoir salué et lui avoir donné deux trois choses à faire en priorité Elijah quitta son commerce pour aller remplir sa mission de parrain. Faire ça lui plaisait vraiment mais il devait bien avoué qu'avec cette fille la le courant passait particulièrement bien... Il s'était attaché à elle malgré qu'ils n'aient toujours parler que par mail, au téléphone ou alors derrière un rideau un peu comme au confessionnal à l'église. Il était à l'origine de ce mode de fonctionnement et il ne le regrettait pas, avec le temps il changerait peut-être ces règles d'échanges mais pour le moment c'était ce qui lui semblait le plus adapté.

Après avoir garé sa voiture sur le parking, Eli entrait dans le bâtiment principal saluant les secrétaires au passage, avant de se diriger vers la salle qu'il avait réservé pour la séance de débriefing de la semaine. Il organisa les lieux de la même manière qu'habituellement et s'installa de son coté de la petite salle. Il avait quelques minutes d'avance qu'il décida de tuer en jouant sur son téléphone portable.
Peu de temps après il entendit que quelqu'un entrait, la porte se referma dans un petit grincement et des pas se firent entendre « Salut. » son ton était enjoué « Comment ça va ? » il espérait vraiment que tout aille bien pour elle, ça lui tenait à cœur... Peut-être un peu trop « Tu as passé une bonne semaine ? » ces questions étaient un rituel, une introduction systématique et les réponses se chargeaient d'orienter la discussion ensuite.

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San Sombrero. Soralia avait été réticente à l'idée de quitter la France, mais au final, elle s'y plaisait. Sophie, sa petite sœur, se faisait a cette nouvelle vie, quant à Alyssia, sa jumelle, elle se portait bien et le bébé aussi. A vrai dire tout allait pour le mieux ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps. Elle continuait de suivre son traitement et d'aller à ses réunions. La cute était différente ici. Lorsqu'elle avait débarqué là-bas pour se renseigner, elle avait été surprise de constater qu'au début, les parrains ( ou marraines ) et les filleules ne se voyaient pas. Ils ne communiquaient que par mail ou téléphone. Puis elle avait compris que le fondateur de cette méthode avait souhaité orienter les filleuls vers une guérison totale, et se concentrer uniquement là dessus. Et c'était une excellente idée.
Aujourd'hui, une réunion était d'ailleurs prévue. Elle devait discuter avec son parrain. Elle prit donc ses affaires puis fila. En voiture, elle ne mît qu'une dizaine de minutes pour y arriver. Une fois sur place, elle se dirigea directement vers ce qu'elle appelait le confessionnal tout simplement parce que le principe était identique. On ne voyait pas son interlocuteur mais on pouvait parler de tout, sans crainte de se faire juger. La brunette prit place et elle entendit presque immédiatement son parrain. Elle adorait cet homme, le courant était passé tout de suite et même si elle ne l'avait jamais vu, elle avait appris à l'apprécier pour ce qu'il était . Il s'était montré patient avec elle, et compréhensif . Il faisait un très bon parrain.

« Salut ! Je vais bien, même très bien à vrai dire. » lui dit-elle, pleine d'entrain. « Et toi Pierre, comment vas-tu ? »

Les réunions étant anonymes, ils avaient décidé d'un commun accord de se choisir un pseudo. D'ailleurs, le choix de son parrain l'avait étonné : un prénom français. La plupart des gens auraient pris un nom comme John ou Mike mais pas lui. Quant à Soralia, elle s'était nommée Lucie.

« Oui j'ai passé une bonne semaine. Mon dossier a été accepté, ta filleule est donc, officiellement une étudiante en design. »

Soralia avait dû bataillé pour se faire accepter et prendre au sérieux mais ses efforts avaient payés.

Eli adorait son boulot, la musique était réellement sa passion et il était très fière d'avoir pu ouvrir son propre commerce et d'être reconnu par les habitants de l'île comme un commerçant fiable et capable de leur trouver tout style musical, tout accessoire dont ils pouvaient avoir besoin. Mais depuis un peu moins d'un mois, depuis qu'il avait cette filleule là, le jour des réunions était devenu le jour qu'il attendait le plus dans la semaine. Quand le dossier de cette jeune femme avait été discuté avec les autres parrains, il s'était dévoué sans attendre pour prendre en charge son accompagnement. C'est comme ça que Pierre et Lucie avaient fait connaissance.
Pour certain le choix du pseudonyme est quelque chose de tout à fait banal, sans signification, juste un prénom d'emprunt qui permet de garder l'anonymat. Mais dans son cas ça avait été un choix réfléchis. Il n'utilisait pas le même à chaque fois et le fait qu'il en ai choisit un qui sonne bien français pour ce cas là n'était pas anodin. Il savait que la jeune femme était française d'origine tout comme lui et il avait voulu lui signifier qu'ils pouvaient échanger dans cette langue plutôt qu'en anglais. Le lien n'en serait que plus facile à créer selon lui, l'échange plus fluide.

Le ton enjoué d'Elijah n'était pas feint. Il était content d'être là et avait hâte de discuter avec sa petite protégée. Lorsqu'il entendit sa réponse et surtout la manière dont elle venait de lui affirmer qu'elle allait très bien, un large sourire s'installa sur son visage. Il était contente d'entendre ça, c'était sans doute la première fois qu'elle lui répondait avec autant d'entrain. « Je vais bien, merci. Tout roule. » répondait-il alors que Lucie lui avait renvoyé la question. Toutes discussions commençaient par des banalités, petit passage obligé histoire de prendre la température de l'ambiance, de l'humeur de l'autre. Un exercice qui pouvait s'avérer compliqué par la présence du rideau entre eux, l'absence de communication non verbale pouvait fausser un peu les échanges mais c'était préférable dans un premier temps.
Le jeune homme avait enchaîné en la questionnant sur la qualité de sa semaine et c'est dans la réponse de la jeune femme qu'il trouva la raison de sa bonne humeur. Ils avaient évoqués cette école au cours d'une discussion précédente et il se souvenait du stress que ressentait sa filleule à propos de la réponse qu'elle allait recevoir. Eli était plus que ravi d'entendre qu'elle était acceptée et il regrettait presque la présence de ce rideau qui l'empêchait de voir son sourire. « Génial ! » s'exclamait-il « Je suis vraiment content pour toi, c'est une bonne nouvelle. Un poids en moins j'imagine ? » elle allait pouvoir se fixer des objectifs, avancer et mettre son énergie au service de son avenir. Pour avoir lui même vécu cela, le jeune homme savait que c'était un très bon moteur « Quand est-ce que tu commence les cours ? » ça l'intéressait de savoir ce qui se profilait pour les mois à venir pour la jeune femme.

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Le design avait toujours été une passion pour elle. Petite déjà, elle passait son temps à dessiner, que ce soit des choses réelles ou abstraites. En grandissant, elle avait affiné sa technique mais la drogue était entrée dans sa vie . Elle avait arrêté de pratiquer. Une fois clean, elle serait rendue compte que cela lui avait manqué. Et plus encore. Après avoir déménagé, elle avait repris le dessin et s'était diversifiée : portrait, paysage dans le domaine des arts plastiques et reproduction de bâtiment, création dans le design. Elle s'épanouissait réellement la dedans. Alors elle avait envoyé son dossier avec l'accord de son parrain. Ils avaient pris le temps d'en discuter, de peser le pour et le contre. Pierre l'avait beaucoup encouragé et aidé. Elle ne l'en remercierait jamais assez pour ça. La brunette était plus qu'heureuse et elle l'était encore plus de le partager avec son parrain. A vrai dire, elle attendait impatiemment ce jour-là chaque semaine, où elle pouvait tout lui raconter en détails, dans les bons comme dans les mauvais jours sans avoir peur d'être jugée.

« C'est peu de le dire ! Merci de m'avoir soutenu en tout cas, je crois que je n'y serais pas arrivée sans toi. » et elle le pensait « Je commence à la rentrée. Le 6 si je me souviens bien »

Cela faisait maintenant trois semaines qu'elle suivait ce programme et il portait ses fruits. Cependant, une idée lui trottait dans la tête depuis quelques jours et elle hésitait à en faire part à Pierre.

« Dis je voulais te demander, je sais qu'au début, les filleuls et les parrains ne sont pas supposés se voir, mais ça fait un petit moment tous les deux que l'on discute alors je voulais savoir quand est-ce que ce serait possible. Je continuerai ma cure et parlerai à mon parrain mais ça pourrait se faire autour d'un café . Quelque chose d'un peu moins formel tu vois. »

A vrai dire, sa curiosité avait été piqué à vif depuis le début de cette nouvelle cure. Elle avait apprécié le principe de se concentrer sur sa guérison, de s'intéresser à la personne, à ce qu'elle était vraiment et Soralia avait été intrigué par Pierre.

Dès la première fois où ils avaient parlé, Lucie avait évoqué son désir d'intégrer une école qui lui permettre d'apprendre tous les secrets du design. Un domaine qui lui tenait à cœur, Elijah l'avait tout de suite compris et s'était proposé de l'aider à faire les démarches nécessaire pour mettre toutes les chances de son côté. Malgré le peu de temps qui leur restait avant la date des dépôts des dossiers, tout avait été bouclé à l'heure. La jeune femme s'était montrée déterminée et efficace, un bon présage pour la suite de sa cure. Le jeune homme croyait vraiment en elle, en sa capacité à se relever de cette mauvaise période, il l'avait fait et savait combien cela pouvait être difficile mais il avait confiance en sa force de caractère. « Avec plaisir. J'étais sûre que tu réussirais et qu'en plus tu vas très bien t'en sortir dans cette école. J'ai confiance. » déclarait-il avec sincérité, il savait combien c'était important d'entendre ses mots là.
Cette complicité entre eux avait été presque immédiate, une fois la retenue du premier échange la discussion c'était rapidement lancé de manière fluide. Il n'était pas rare qu'ils débordent un peu du temps prévu mais ça n'avait pas d'importance. La présence de ce rideau entre eux commençait doucement à devenir un facteur limitant, les échanges étaient sympathiques mais une touche plus humaine donnerait une nouvelle dynamique. Habituelle après les deux ou trois premiers échanges, les parrains choisissaient de rencontrer en face à face leurs filleuls mais Elijah avait repoussé l'échéance, légèrement anxieux à l'idée de se retrouver en face de celle qu'il connaissait sous le pseudonyme de Lucie. Il se trouvait un peu ridicule d'ailleurs mais c'était plus fort que lui.

Alors quand elle aborda le sujet il grimaça en se disant que heureusement elle ne pouvait pas le voir. Un peu nerveux soudainement Eli s'efforça de masquer ses émotions en lui répondant, employant un ton calme et posé « Et bien c'est en fonction de la demande... D'un commun accord en fait. » lui aussi voulait que les choses soient moins formelles mais en même temps il avait une légère retenue. « C'est assez variable ça peut prendre un mois comme plus... » il mentait un peu en disant cela et il s'en voulu de ne pas être vraiment franc avec elle « Et des fois moins aussi. ».
Elijah jugeait qu'il était temps de changer de sujet « Avec tes sœurs ça va ? » demandait-il en songeant que la dernière fois ils n'en avaient pas parlé. La discussion suivit alors son cours pendant plusieurs minutes, passant d'un sujet à un autre au gré des réponses de la jeune femme. La fin de leur entrevue se rapprochait et malgré ses effort pour mettre de côté ce sujet, Elijah ne pouvait s'empêcher de repenser à la demande de sa filleule « Pour en revenir à ta demande de tout à l'heure sur quelque chose de moins formel que cette sorte de confessionnal... Je... Je pense qu'on peut l'envisager. » il hésitait un instant pour finalement se lancer « Si tu veux et que tu n'as rien de prévu on peut aller...Euh boire un café. Normalement on a presque fini, il reste dix minutes même pas mais... Enfin c'est comme tu veux. » et voilà il avait osé et qu'elle accepte ou refuse il ne pouvait faire machine arrière, bientôt ils allaient se retrouver face à face.

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Rencontrer son parrain, prendre un café avec lui, c'était quelque chose, qui au début du programme, était impossible. Cela faisait parti de la thérapie mais au bout de trois semaines, elle avait réellement envie de le rencontrer. Alors elle voulait savoir quand exactement ils seraient autorisés à se voir. Apparemment, c'était d'un commun accord. Bien alors ils devraient peut-être en discuter plus sérieusement. Cependant, Pierre préféra éviter le sujet et s'engagea dans une autre voie. Elle était étonnée ? Il semblait nerveux à l'idée de faire disparaître ce rideau. Elle l'était également. A vrai dire, elle était à la fois curieuse, excitée, impatiente et nerveuse. Pourquoi ? Elle n'en avait aucune idée. Il mentionna ses sœurs. Rien qu'en pensait à elle, la brunette se mit à sourire. Sa réaction était presque ridicule. Soralia adorait ses sœurs, elle en était très proches et c'était peu dire. Elles lui étaient tout bonnement indispensables, elle ne s'imaginait pas vivre sans elle.

« Elles vont bien, même très bien. Sonia, ma cadette semble se faire à notre nouvelle vie. Elle s'est rapidement intégrée. Quant à ma jumelle, Julie, elle se porte bien. Son bébé également alors je dois dire que tout va pour le mieux pour tout le monde. »

Elle avait également donné des pseudonymes à ses sœurs au cas où. Cela faisait parti de leur accord. Elle se sentait idiote de dire « tout va bien dans le meilleur des mondes » mais pour une fois, et depuis longtemps, ça allait bien. Finalement, Pierre choisit de revenir sur le sujet de leur possible rencontre. Bien au moins, il considérait l'idée, ce qui n'était pas négligeable. Il était hésitant et nerveux, elle trouvait ça vraiment craquant. Il lui proposa d'aller boire un café pour un cadre moins formel, si elle était disponible. Un sourire s'afficha sur son visage.

« Avec plaisir. Je suis contente que tu acceptes. »

Soralia se leva et sortit du « confessionnal ». Elle fixait ses mains, nerveuse et sans savoir pourquoi, elle songea à Elijah. Penser à lui, lui redonner toujours du courage, un coup de fouet pour avancer et surmonter les épreuves.

Avec cette demande Lucie précipitait un peu les choses. Bien sûr Elijah s'était préparé à ce qu'elle puisse aborder cette question, mais il avait espéré avoir encore une ou deux séances avant que le sujet ne se présente. Partagé entre l'envie d'accéder à cette requête et ses réticentes personnelles, tout ça ne le rendait pas des plus à l'aise. Pourtant il essayait de jouer son rôle autant que possible en orientant la conversation vers un autre sujet. Ravi d'entendre que les sœurs de la jeune femme allaient bien, qu'en fait tout allait bien, tout simplement. Les moments comme celui-ci avait dû lui manquer autant pendant qu'elle était l'esclave de la drogue que durant le moment où elle se battait contre son addiction lors de sa cure de désintoxication. Cette épreuve était éprouvante et Lucie semblait grandit de cette expérience, plus forte et prête à se reprendre en main. Tout ça était autant de points positifs qui assurait son parrain qu'elle allait s'en sortir définitivement et qu'il mettrait de l'énergie pour l'aider si elle en avait besoin.
Sa nervosité était retombée petit à petit, mais l'idée évoquée restait dans son esprit. Le jeune homme pesait le pour et le contre, il se sentait ridicule de se prendre autant la tête et ne se comprenait pas vraiment. Qu'est-ce qu'il craignait ? Ça ne changerait rien... En tout cas il l'espérait.
Quand la fin de la discussion fût proche, Eli décidait de ramener la question sur le tapis, répondant positivement à la requête de sa filleule et plus encore en lui proposant d'aller boire un café tout de suite si elle le souhaitait. Il aurait eu une télécommande permettant de faire marche arrière, il aurait sans doute pressé le précieux bouton qui lui aurait permis de remettre ses paroles dans sa tête et qu'elles y restent. Mais c'était fait et malgré le côté le côté désagréable de ce petit pic de stress qu'il ressentait, Elijah avait une sorte de soulagement qui s'y associait.

Sa filleule acceptait la proposition d'aller boire un café, visiblement ravie à en croire le ton employé pour lui répondre. Petite montée de la pression, Elijah ne put cependant pas s'empêcher de sourire. « Ok super. » répondait-il simplement en se levant. Il l'entendit ouvrir la porte de la salle et souffla légèrement en ouvrant le rideau après avoir replacé sa chaise correctement. Il s'avançait alors vers la porte, pouvant voir juste dans l'encadrement de celle-ci la silhouette fine de la brunette qui était sa filleule. Chaque pas le rapprochait de ce moment fatidique où enfin ils allaient se voir, il fallait qu'il garde son aplomb c'était lui le parrain après tout !
Il sortait à son tour de la pièce et adressait un sourire à sa filleule lui tendant la main pour des présentations plus officielles « Pierre, en chair et en os. » disait-il avec humour, ça le détendait toujours d'essayer d'amuser la galerie. Pour le moment il était toujours Pierre et il ne savait pas si cela changerait. Eli regardait son interlocutrice avec bienveillance, le poids de la nervosité venait de s'envoler instantanément et son sourire ne pouvait plus quitter ses lèvres « Bon et bah allons-y. » proposait-il en s'avançant vers la sortie « J'espère que tu t'attendais pas à un gars en costard cravate. », encore une fois il plaisantait pour la mettre d'autant plus à l'aise et l'air de rien savoir un peu comment elle réagissait à cette première rencontre face à face.

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Ils allaient enfin se voir. Pourquoi Soralia attendait-elle autant de cette rencontre ? Parce qu'elle appréciait réellement son parrain, celui qui l'avait épaulé, aidé, relevé lorsqu'elle était au plus bas. Elle attendit patiemment qu'il sorte à son tour du confessionnal. Dos à lui, elle sentit sa présence et se retourna, le sourire aux lèvres. Il lui tendit la main et elle la saisit. Grand, brun aux yeux verts, en plus d'être quelqu'un de formidable, il était plus qu'agréable à regarder. Pourquoi se mentir ? Cela allait être une nouvelle étape dans sa guérison, dans un cadre moins formel et bien plus détendu.

« Enchantée Pierre, je suis Lucie. »

Un gars en costard cravate ? Cette remarque la fit rire. Pour le coup, elle espérait tout sauf un gars guindé en costard cravate. Qu'on s'entende bien, elle n'avait rien contre eux, ( elle trouvait les hommes en costumes ou en smoking craquants ), mais elle n'aurait su expliquer pourquoi, elle se sentait un peu mal à l'aise en présence de personne affichant leur réussite de la sorte, si l'on peut dire.

« A vrai dire, je suis assez contente que tu ne sois pas le genre costard cravate. Je me sens plus à l'aise. Allez viens, je sais où on peut prendre ce café mais ce n'est pas à côté, on prend ma voiture. »

Pierre opina et Soralia le guida jusqu'à sa voiture. Le petit café se trouvait à l'opposé de leur lieu de réunion, dans le quartier accera, au nord. Elle s'installa côté conducteur et démarra une fois son parrain installé. Durant le trajet, ils abordèrent des sujets aussi variés les uns que les autres et c'était assez plaisant. L'ambiance était bonne enfant. La brunette se gara sur le parking du café et tous deux pénétrèrent dans l'enceinte du bâtiment. Ils se choisirent une table dans le fond pour être tranquille. Un serveur passa prendre leur commande et les laissa seuls.

« Pierre, je voulais vraiment te remercier pour tout ce que tu as fais pour moi. J'ai bien conscience que c'est le rôle d'un parrain mais je suis contente que tu sois le mien »

La petite plaisanterie d'Eli sur son style vestimentaire fonctionna, et il se fit la remarque qu' il aimait beaucoup le rire de la brunette. Sans qu'elle n'ai à lui expliquer pourquoi, le jeune homme comprenait qu'elle puisse se sentir plus à l'aise avec quelqu'un qui affichait un style décontracté. Ils quittaient le contexte stricte qu'ils avaient jusque là pour aller vers quelque chose de plus humain et une tenue vestimentaire sérieuse aurait pu inconsciemment remettre des barrières. « J'ai le bon dress code, tant mieux. » répondait-il en riant alors qu'il la suivait jusqu'à sa voiture. Il lui laissait l'initiative d'aller dans le lieu qui lui conviendrait, l'essentiel étant qu'elle soit le plus à l'aise possible.
Rideau ou pas entre eux, la discussion gardait un bon rythme et l'ambiance était détendue. Finalement pas de quoi se poser trop de questions, pensait Elijah en se rendant compte que sa nervosité, bien que compréhensible, n'avait pas eu de raison d'être et c'était pour cela qu'elle avait rapidement disparue pour laisser place à un sentiment agréable de se trouver à parfaitement à sa place.

Ils arrivèrent plusieurs minutes plus tard dans le quartier nord de l'île. Eli connaissait le bar qu'avait choisit sa filleule et ça lui allait parfaitement. Un endroit calme, idéal pour continuer à discuter tranquillement et faire plus ample connaissance malgré qu'il eu l'impression de la connaître depuis toujours, et pour cause...
Installés à une table au fond de la salle, ils commandèrent des cafés et à peine le serveur repartit Lucie le remerciait d'être la pour elle. Sa réponse aurait bien sûr été que c'était ce qu'un parrain faisait mais la jeune femme venait déjà de lui piquer cette réplique pour ajouter à sa reconnaissance un compliment ou en tout cas une remarque qu'il prit comme telle. Un peu gêné il lui adressait alors un beau sourire en guise de première réponse avant de lui dire « Bah... Merci. Tu l'as dit c'est mon rôle et si j'arrive à t'aider, te donner le soutien dont tu as besoin, c'est tout ce qui compte. » il la regardait dans les yeux, songeant que ce regard avait vraiment quelque chose de particulier. Leurs cafés furent servit et Elijah paya leurs consommations sans laisser le choix à sa filleule de le faire ou non « J'ai proposé donc... ». Le jeune homme prit le carré de chocolat qui accompagnait la boisson et le croquait avant de porter la tasse à ses lèvres. C'était chaud, trop chaud et il se brûla le bout de la langue avant de reculer sa tasse en faisant une grimace « Je me fais avoir à chaque fois et après j'ai cette sensation bizarre sur la langue, tu vois ? » depuis tout petit il avait toujours été trop pressé pour boire et s'était bien souvent brûlé les lèvres ou le bout de la langue.

« Hey Eli ! Salut ! » sur le moment, celui qui se faisait appeler Pierre en présence de sa filleule se demandait si l'on s'adressait vraiment à lui. Il tournait alors la tête et voyait un fidèle client de son magasin s'avancer vers lui, il n'avait sans doute pas vu qu'il n'était pas seul. « J'ai pas pu passer au magasin, t'as reçu les cordes pour ma Gibson ? », Elijah eu un petit sourire gêné à l'intention de Lucie et saluait l'homme qui venait de s'approcher de leur table « Salut John. Ouais je les ai eu avec la livraison d'aujourd'hui. Passe demain au magasin ok ? » voyant que le vendeur n'était pas seul il s'empressait de s'excuser « Oh pardon je croyais pas que t'étais en...Charmante compagnie. Désolé à demain. » il s'éloignait alors qu'Elijah buvait une gorgée de café après avoir soufflé sur le liquide cette fois, il relevait ensuite le regard sur son interlocutrice « Désolé. ».

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Une fois installés à une table, Soralia devait reconnaître que le courant passait plus que bien. Leur relation n'avait pas changé du tout et à vrai dire, cela faisait un moment qu'elle ne s'était pas sentie aussi à l'aise en présence de quelqu'un, en dehors de ses sœurs bien entendu. C'était tellement naturel comme situation, comme s'ils s'étaient toujours connus. Cette étrange sensation persistait et laissait la brunette perplexe. Dans le meilleur sens du terme. Elle avait essayé de lui exprimer sa gratitude pour l'avoir épaulé pendant tout ce temps. Elle savait que c'était le rôle d'un parrain mais quelque part, elle se demandait si un autre en aurait fait autant. Ils avaient passé des heures au téléphone, il l'avait aidé pour son dossier, sa lettre de motivation, avait répondu à ses appels lorsqu'elle était persuadée de replonger. Il s'en était passé des choses en trois semaines. Pierre sembla touché. Le serveur vint leur donner leurs cafés. Ça n'avait pas tardé. La jeune femme fouilla dans son sac à la recherche de son porte-feuille mais Pierre la devança et l'invita. Elle le remercia par un sourire franc. Elle attrapa sa tasse et au moment où elle la porta à ses lèvres, son interlocuteur se brûla avec. Elle ne put s'empêcher de rire. Il avait été pressé de boire un peu. Ça lui rappelait beaucoup son ami d'enfance, Eli. Il était pareil et elle ne put réprimer un sourire à ce souvenir. Par sécurité, elle posa sa tasse pour la laisser refroidir. Elle entendit quelqu'un appelait un certain Eli. Décidément les coïncidences mais elle ne s'était pas attendue à ce que ce soit son parrain qui réagisse. Dommage pour leurs pseudonymes. Ils discutèrent d'instrument de musique et la brunette les écouta attentivement. Le mystérieux inconnu s'excusa et les laissa de nouveau en tête à tête.

« Eli ? » elle se mit à sourire « J'aime bien. Désolée qu'il t'ait grillé. C'est le surnom de mon ami d'enfance. Elijah. Je ne t'en ai jamais parlé d'ailleurs. On était très proches, c'était lorsque que j'étais encore en France avec mes sœurs. »

Soralia était nostalgique lorsqu'elle pensait à son enfance. C'était une période qui lui manquait beaucoup et c'était le bon temps. Les 400 coups avec sa jumelle et Elijah, c'était parfait. Elle n'avait jamais cessé de penser à lui, jamais.

Tout ce passait bien jusqu'à l'arrivée du client d'Elijah, non pas qu'il ai réellement dérangé les deux jeunes gens mais il avait mis, sans le vouloir, le jeune homme dans l'embarras. Il tentait de masquer sa gêne aussi bien qu'il le pouvait. Mais sa filleule avait bien entendu comment l'homme l'avait appelé et comme elle venait de le dire : il était grillé. Elle évoqua alors son meilleur ami d'enfance dont elle n'avait pas parlé jusque là, la France son pays d'origine qui était aussi celui de son parrain. Tant de coïncidences !
C'était loin, tellement loin cette époque. Un sourire forcé étira les lèvres d'Elijah « Ah oui ? Tu m'en as jamais parlé effectivement. » lâchait-il, bien moins décontracté que quelques minutes auparavant. Il voulait attraper sa tasse pour finir son café mais sous l'effet de sa soudaine nervosité son geste fût trop brusque et il se renversa ce qu'il restait du liquide sur la table et un peu sur lui aussi « Mer...Hum... Super ! Je suis bon pour barboter dans le café. » il soupirait puis adressait un regard désolé à la jolie brune « Excuse moi je vais aller me rincer les mains aux toilettes.

Il disparu aux commodités pendant plusieurs minutes durant lesquelles il se rinçait les mains bien sûr mais il reprenait aussi ses esprits. C'était bien forcé que ça arrive cette rencontre, sauf qu'il n'avait pas prévu que les choses se passent comme ça et peut-être pas si tôt. Quoi que après Seize ans sans se voir ça n'était pas si tôt que ça ! Il était heureux de voir Soralia en face de lui mais en même temps ça faisait beaucoup à gérer d'un coup et plus encore il redoutait sa réaction. Qu'allait-il lui dire ?
Elijah se passait un peu d'eau sur le visage et l'essuyait avant de regagner la salle. Il ne voulait pas faire trop attendre la jeune femme. Il s'asseyait à nouveau à sa place et remarquait que la table avait été essuyée « Ah quelqu'un à réparé ma bêtise... » disait-il en jouant nerveusement avec le bracelet de sa montre. « Je suis maladroit parfois. » et il parlait pour ne rien dire aussi... Accessoirement. Où était le parrain plein d'aplomb et rassurant ? Parti avec le café renversé sans doute. Il se passa la main dans les cheveux se grattant un peu la tempe « La caféine sans doute. » il n'était plus à une connerie de plus ou de moins de dite mais Eli se sentait désormais ridicule. Pourquoi était-ce si difficile de lui dire qu'il était ce Elijah là, celui dont elle parlait, son ami d'enfance. Grande inspiration pour se donner du courage et il suffisait de se lancer ensuite, mais il ne voulait pas que le sourire de la brune s'efface, qu'elle ne veuille plus rire ou que cette relation de parrain/filleule qu'ils avaient ne soit chamboulée par cette révélation. Sauf que dans un même temps il ne pouvait pas lui mentir. « C'est moi. » soufflait-il enfin de manière presque inaudible « Je... Le Elijah qui était ton voisin, qui a déménagé précipitamment et dont tu n'as plus eu de nouvelles depuis, bah c'est moi. ». C'était dit, maladroitement peut-être mais il n'avait pu faire mieux.

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Le mystérieux inconnu refroidit l'ambiance. Il y a des gens comme ça, qui font irruption quand on les attend le moins et laisse un grand froid une fois parti. Soralia était mitigée, elle avait appris le nom de son parrain mais en même temps, ce dernier semblait s'être fermé comme une huître. Et elle se rendit compte qu'elle n'avait jamais abordé Elijah, chose surprenante lorsque l'on voyait la place qu'il prenait dans le cœur de la jolie française. Elle ne l'avait jamais oublié, et à son départ, elle s'était sentie perdue. En grandissant, elle avait toujours senti ce vide, comme si quelque chose lui manquait. Son parrain devint alors nerveux et dans un geste malheureux, renversa sa tasse et son contenu sur lui. Il s'excusa après d'elle et s'éclipsa aux toilettes. Pendant son absence, Soralia en profita pour aller demander de quoi nettoyer la table histoire d'oublier cet incident. Tandis qu'elle essuyait le café, la brunette se demandait pourquoi Pierre – ou Eli – était devenu aussi nerveux. Parce qu'il s'était fait grillé ? Pour si peu ? Non elle soupçonnait qu'il y avait quelque chose là-dessous. Son parrain se rassit en face d'elle et remarqua que la table brillait de nouveau. Elle lui adressa un sourire rassurant. Ce n'était rien après ça, ça pouvait arriver à n'importe qui. Son attitude avait changé du tout au tout. Il était devenu cet homme maladroit et peu sûr de lui, tellement différent du Eli qu'elle connaissait comme son parrain. Il mit ça sur le dos de la caféine. Oui c'était une possibilité. Avant qu'il ne reprenne la parole, Soralia se rendit compte qu'elle avait toujours l'éponge dans sa main. Elle se leva pour aller la rendre lorsqu'elle entendit une chose qui la surpris. Elle s'arrêta net et se retourna vers lui. C'est lui ? Lui qui ? La suite la laissa complètement pantelante.

« Eli ? »

Soralia n'en croyait pas ses oreilles. Elle en laissa tomber l'éponge par terre. Un sourire s'afficha sur son visage et contre toute attente, la brunette se jeta au coup d'Elijah. Bah quoi ? Après tout, ils s'étaient promis de se marier !

« Tu m'as tellement manqué » murmura t-elle.

Pour le moment, elle ne comptait pas le laisser respirer. Cela faisait tellement longtemps qu'elle ne l'avait pas revu. C'était incroyable !

A peine n'avaient ils plus été séparés par un rideau que Elijah avait compris. Il avait su que cette jolie brune en face de lui était cette meilleure amie d'enfance avec qui il avait fait les quatre cent coups, celle dont il était le chevalier servant, celle à qui il avait fait la promesse qu'un jour ils se marieraient. Aucun don de divination ou affaire de connexion presque magnétique... Non les choses étaient bien plus terre à terre. C'est parce qu'il avait croisé la sœur jumelle de Soralia il y a de ça une quinzaine de jours, que quand il s'était retrouvé face à son double quasi parfait il avait compris qui elle était. Un choc qu'il avait plutôt bien géré jusque là, du moins jusqu'à ce que John ne le grille et qu'il se sente soudainement obligé d'affronter des retrouvailles qui éveillaient en lui bon nombre de doutes.
Le jeune homme se sentait ridicule de se poser autant de questions, à savoir s'ils allaient toujours aussi bien s'entendre, comment elle allait le trouver, est-ce qu'elle allait être déçue de ce qu'il était devenue ? La question de l'entente était majoritairement réglée à en croire le complicité facilement retrouvée dans la peau de deux inconnus, mais maintenant que les masques étaient tombés peut-être que Lia allait avoir d'autres attentes comme de retrouver en lui des similitudes avec le petit garçon qu'il était il y a seize ans de ça.

Dans un souffle alors qu'elle s'était levée pour ramener l'éponge au bar, il avait fait l'aveu de sa véritable identité. Un peu lâchement s'il on y réfléchit bien car une partie de lui aurait aimé qu'elle n'entende pas. Mais elle avait très bien entendue et quand elle se retourna il vit clairement un mélange d'incertitude et de joie dans son regard. Celui-ci même qu'elle avait eu pour son septième anniversaire, le dernier qu'ils aient fêté ensemble, où en ouvrant son cadeau elle avait eu ce moment de doute en ne sachant pas s'il était bien réel, bien pour elle ou si c'était une farce.
Elijah était bien réel lui, nerveux sur sa chaise mais ne la lâchant pas du regard pour autant alors qu'il confirmait qu'elle avait en face d'elle son ami. Il se leva, prêt à anticiper n'importe laquelle de ses réactions. Il craignait qu'elle ne recule, qu'elle ne lui en veuille mais au lieu de ça elle se jeta à son cou. Elle le serrait fort comme s'il allait s'en aller dans un claquement de doigt, mais là il n'allait pas s'envoler ou tout du moins pas sans elle. Un peu sous le coup de la surprise il était resté les bras ballant, finalement il refermait ses bras protecteur sur elle, rien n'allait les séparés et il allait la protégée comme il n'avait pas pu le faire durant toutes ses années. Au fond Eli n'y était pour rien si ses parents avaient dû déménagé, mais durant ces trois semaines où ils avaient parlé des épreuves qu'elle avait traversé, de sa cure... Il s'était parfois senti vraiment coupable de ne pas avoir été là pour veiller sur elle. Il idéalisait une histoire réécrite de leurs adolescences qui avaient été plutôt chaotiques. En aurait-il été autrement s'ils n'avaient pas été séparés ? Impossible de le savoir et avec des " si " on mettrait " Paris en bouteille ". « Toi aussi tu m'as manqué. » chuchotait-il à son tour en prenant toute la mesure de ce manque qu'il avait ressentit et qui d'un coup allait pouvoir s'envoler. Il reculait finalement et lui souriait « Je ne vais pas dire que tu as pas changé parce que ça serait mentir... » plaisantait-il.

ELIJAH&SORALIA - Bas les masques ►
Il est clair qu'en se levant ce matin, Soralia n'avait pas imaginé revoir son meilleur ami d'enfance. Toujours dans ses bras, elle se rappelait du vide qu'elle avait ressenti ces seize dernières années, et rien n'était parvenu à le combler. Jusqu'à aujourd'hui. Dire qu'il lui avait manqué était un euphémisme. Elle n'avait cessé de penser à lui, tout ce temps. Apparemment, Elijah ne s'attendait pas à une telle réaction de la part de la brunette. Il restait quelques instants sans bouger avant de lui rendre son étreinte. Là elle se sentait bien. Il lui confia qu'elle aussi lui avait manqué et cela lui fit chaud au cœur. Ils s'écartèrent pour respirer. Il lui sourit et Soralia fit de même. C'était tellement étrange comme situation mais elle n'aurait pu rêver mieux. Il lui avoua qu'elle avait changé. Oui c'était peu dire. Elle ramassa l'éponge et s'excusa auprès d'Eli pour la ramener. Elle revint rapidement s'asseoir en face de lui. Son sourire ne quittait pas son visage et elle se trouvait presque idiote de réagir ainsi.

« Tu as changé également mais en seize ans ce n'est pas étonnant. J'en reviens pas, je suis tellement contente. »

Soralia se souvenait de ses anniversaires. A chaque fois, elle avait une pensée pour son ami et la première année après son départ, elle avait souhaité le revoir. Son vœu pour son huitième anniversaire s'était finalement réalisé. Comme quoi, mieux vaut tard que jamais.

« Tu sais, tu as une place de choix sur ma table de nuit. Une photo de toi et moi lors de mon dernier anniversaire. Il s'en est passé des choses en seize ans n'est-ce pas ? Au final, tu en sais plus sur moi que l'inverse. Il serait peut-être temps de changer de rôle. Pour aujourd'hui, je suis ta marraine. »

Cette journée serait à marquée d'une pierre blanche; comme le jour où elle avait retrouvé Elijah. Elle avait hâte de raconter ça à sa jumelle. Alyssia n'allait pas en revenir.

Ils avaient changés, grandis et vécus pendant seize années sans avoir le moindre contact. C'était incroyable que leur amitié d'enfance ai été un lien assez fort pour qu'ils aient envie de se retrouver, que le manque ne les conduisent à être de nouveau réunis. Ça leur tombait dessus comme ça mais c'était le genre d'imprévu plutôt agréable que la vie peut réserver. Rattraper le temps perdu n'était pas possible, concrètement ils avaient traversé des étapes incontournables de la vie sur laquelle ils ne pouvaient revenir, mais partager leurs histoires ça ils en avaient la possibilité. Et si Elijah en savait déjà un peu sur ce que Soralia avait traversé, l'inverse était bien moins vrai.
Elle ramassait l'éponge pour cette fois vraiment la ramener au bar et le jeune homme en profitait pour se rasseoir. La jolie brune lui retournait la remarque en affirmant qu'après ce bons nombres d'années lui aussi avait changé. Ils étaient adultes désormais et ça changeait pas mal les choses qu'ils ne le veuillent ou non. « J'ai un peu grandit ouais. Et puis la barbe aussi, enfin voilà... » bien sûr tout ne se résumait pas à ça mais c'était une manière pour lui de se détendre en plaisantant un peu.

Moins expressif dans sa réaction, Elijah n'en était pas moins content lui aussi de ces retrouvailles. « C'est assez dingue c'est vrai ! » répondait-il en ne réalisant pas tout à fait que cette amitié allait se poursuivre, devenir celle de deux adultes avec certaines expériences similaires qui allaient les rapprocher.
S'il avait une place de choix en photo pour Lia, elle aussi en avait une pour lui, une photo également la dernière qu'ils aient prise ensemble quand il avait volé le polaroid de son père. Il l'avait toujours même s'il ne l'affichait pas, la nostalgie n'était pas quelque chose de productif à ses yeux. Mais les souvenirs ont en revanches une place de choix dans sa mémoire. « Je me souviens de ce dernier anniversaire qu'on a fêté ensemble, t'as eu sept ans et ce cadeau génial auquel tu t'attendais pas. C'était drôle par ce que sur le moment on aurait dit que t'y croyais pas et que tu pensais qu'on allait te le reprendre en disant que c'était juste une blague. » ça l'avait marqué et des anecdotes de ce genre il en avait des tonnes malgré tout ce temps passé.
Avec son rôle de parrain Elijah savait déjà quelques points important de ce qui c'était passé dans la vie de Lia et elle voulait en savoir plus sûr lui. C'était bien légitime et il comprenait mais ne savait pas vraiment par où commencer « Il s'en ai passé tellement des choses que je ne sais pas quoi dire en premier. » avouait-il en haussant les épaules. « Je crois que le mieux c'est le début, quand on a quitté Paris avec mes parents. » il se souvenait encore du sentiment qu'il avait eu en regardant sa maison s'éloigner à travers la vitre arrière de la voiture, une déchirure et de la rancœur vis à vis de ses parents , de la tristesse de laisser ses voisines qu'il adorait tant. « On a déménagé en Espagne parce que mon père avait obtenu un poste là bas. On habitait dans une caserne et il y avait d'autres familles françaises. Toi et ta sœur me manquiez beaucoup mais je me suis fait des amis malgré tout. » ça n'avait pas été facile, pas du tout mais ça restait quand même une belle expérience pour lui. « J'ai toujours regretté de pas t'avoir écrit, je pensais pas ça possible en fait. J'avais presque l'impression qu'on vivait plus sur la même planète. ».

ELIJAH&SORALIA - Bas les masques ►
Soralia avait retrouvé la personne qui comptait le plus à ses yeux après ses sœurs. En seize ans il s'était passé beaucoup de choses et la jeune femme n'aurait pu imaginer avoir un parcours similaire au sien. Comment l'aurait-elle pu ? Comment penser que tous deux finiraient par tomber aussi bas ? Elijah évoqua alors un souvenir commun : le dernier anniversaire de la brunette. Le dernier qu'ils avaient passé ensembles d'ailleurs. Elle se repassait cette journée dans sa tête, le sourire aux lèvres. Ce fameux cadeau dont elle ne s'est jamais séparée depuis. Ils s'étaient bien joués d'elle lorsqu'elle y repensait. La prochaine fois qu'ils se verraient, Lia emmènerait ses albums photos. Cependant, la brunette se sentait un peu flouée. Elle s'était énormément confiée à Eli, mais elle ne savait rien sur lui. Sur sa vie après avoir quitté Paris. Après l'avoir quitté. Elle appréciait se souvenir du passé avec lui mais ce qui l'intéressait plus c'était le après. Qu'avait-il fait ? Avait-il rencontré des gens qui l'avait marqué comme lui avec elle ? Elle était curieuse de connaitre tout ça. Finalement il se lança. Après avoir quitté Paris, ils partirent en Espagne, dans une caserne où d'autres familles françaises se trouvaient. Il lui avoua que sa sœur et elle lui manquaient mais qu'il avait tout de même réussi à se faire des amis. Elle était heureuse pour lui. Aly et Lia avaient également avancé même si cette dernière avait toujours gardé une petite place pour Elijah.

« Je sais, j'ai ressenti la même chose. Il suffisait de prendre l'avion pour se voir, mais ça paraissait impossible. Apparemment, on était destiné à se retrouver. »

A présent, Soralia imaginait sa désintox d'un autre point de vue. C'était peut-être un avantage de connaitre son parrain, au final, elle savait qu'elle pouvait tout lui dire sans avoir honte. C'était déjà comme ça, lorsqu'elle était enfant. Au moins, rien n'avait changé de ce côté là. Lia lui avait expliqué comment elle en était arrivée là, cependant, elle ignorait comment lui avait tourné et surtout pourquoi.

« Eli, comment en es-tu venu à devenir parrain dans les assos ? »

Leur éloignement alors qu'ils n'étaient encore que des enfants avait pris des allures de page tournée sur laquelle on ne peut revenir... Entre Paris et l'Espagne trop de kilomètres les séparaient, pourtant maintenant avec le recul Elijah se rendait compte qu'il n'aurait sans doute eu qu'à demandé pour revoir les sœurs Leroy. Ses parents auraient-ils acceptés ? Ça il n'en savait rien. Mais il n'était plus temps de regarder en arrière puisqu'ils étaient assis à la même table dans ce café, l'un face à l'autre dans leur version adulte. Et ils n'en étaient pas arrivés là dans un claquement de doigt, chacun avait vécu son début de vie et ils avaient à eux deux un parcours relativement chaotique.
Soralia avait traversé des épreuves difficiles dont le jeune homme avait eu des résumés plus ou moins poussés durant les entretiens en tant que parrain. Lui n'avait évoqué que vaguement sa propre expérience, il cherchait toujours à ne pas se mettre en avant et utilisait son vécu que dans certaines circonstances pour venir en aide aux junkies avec qui il échangeait. Et la question inévitable tombait, comment en était-il arrivé là ? Il était légitime que la jeune femme se questionne, lui en savait tant par rapport à elle que ses questionnements trahissaient une envie de rétablir l'équilibre.

Il n'avait plus honte de ce qu'il avait été, on l'avait aidé à s'accepter avec les erreurs qu'il avait commis dans le passé et Eli avait su trouver de la force dans ce qui était autrefois des faiblesses. « Je suis devenu parrain parce que je veux aider les gens en difficulté face à l'addiction, comme on a su m'aider à m'en sortir. » il haussait les épaules et souriait à la jeune femme « Mon expérience n'est pas juste une grosse connerie qui aurait pu mal tournée, j'ai appris à en tirer une leçon et j'ai l'impression d'être vraiment utile dans mon rôle. » il eut un petit rire et arquait un sourcil avant de lui demander « Enfin je crois, ça serait plutôt à toi de confirmer ou non. ».
Lâchant un soupir en pensant à tout ce chemin parcouru il se demandait si Soralia avait vraiment envie de tout savoir et s'il allait tout lui dire. Bien sûr ils se connaissaient et enfants ils s'étaient toujours confiés l'un à l'autre, mais quelle certitude avaient-ils de finalement se rendre compte qu'ils avaient beaucoup moins de chose en commun à présent ? C'était sans doute stupide de penser cela alors même que depuis plusieurs mois ils échangeaient dans le cadre du parrainage, mais justement c'était différent que de reprendre leur amitié là où ils l'avait laissé. Le musicien savait qu'au fond il leur faudrait apprendre à se connaître de nouveau, et parler de son histoire était peut-être un bon début.

« J'étais un garçon sérieux tu sais... J'avais des bons résultats, des amis géniaux et tout allait bien. Mais le destin ou appelons ça comme on veut a décidé un jour que le bonheur c'était fini. Mon père est tombé grave malade, il lui fallait un don de moelle osseuse. J'avais quinze ans donc bien en âge de comprendre ce que ça impliquait et je voulais vraiment l'aider à s'en sortir. » il marquait un court silence, il évoquait toujours cet épisode de sa vie avec une certaine émotion « Mais je ne pouvais pas... Parce que outre le fait de ne pas être compatible, j'ai appris qu'il n'est pas mon père biologique. Et j'ai été en colère contre le monde entier. ».
S'appuyant contre le dossier de sa chaise il tapotait avec ses doigts sur la table « Après... C'est allez vite, très vite. Au début je trouvais ça bien, je planais et ça m'aidait à ne pas penser. Ensuite j'ai testé d'autres trucs pour encore plus d'effet. Du calme, de l'excitation il y avait de quoi faire pour tous les états possibles. Et là ça a commencé à très mal tourner. » il regardait la jolie brune dans les yeux « Mais c'est loin maintenant tout ça, on en sort de cette spirale infernale. La preuve. ». Elijah souhaitait plus que tout de réussir à l'aider à sortir de cette merde, d'aller mieux et de pouvoir vivre une nouvelle vie. Elle n'oublierait jamais et les choses seraient loin d'être facile parfois mais il n'allait pas la lâcher « Je suis là pour toi. Comme parrain mais surtout comme ami. » elle devait pouvoir s'accrocher à quelqu'un en cas de coup dur et il voulait être cette personne là.

ELIJAH&SORALIA - Bas les masques ►
Elijah et Soralia avaient fait leur vie chacun de leur côté. Elle se rappelait les raisons pour lesquelles elle avait plongé ainsi, elle avait souhaité tout oublier et c'était la seule manière qu'elle avait trouvé. Ses sœurs l'avaient regardé sombrer petit à petit sans ne pouvoir rien faire. Elle s'était renfermée sur elle-même, installée dans une bulle et personne n'était parvenue à vraiment l'en sortir. Jusqu'à ce qu'on la force à entrer en desintox pour ensuite l'emmener dans les programmes d'entre-aide. C'est à Paris qu'elle avait rencontré son premier parrain. Il l'avait beaucoup aidé mais à vrai dire, elle n'avait pas autant de progrès que depuis qu'elle avait emménagé à San Sombrèro. Eli lui avait eu envie de tirer profit de sa propre expérience, des erreurs qu'il avait pu commettre, tout ce qui pouvait aider les autres. Quelque part, cela n'étonnait guère la jeune femme. Même plus jeune, elle savait qu'elle pouvait compter sur lui, lorsqu'elle avait eu besoin de lui, il avait répondu présent. Et c'est grâce à tout cela qu'il avait l'impression d'être utile. Dans tous les cas, il restait bon parrain et ami fidèle.
Finalement, il se lança. Soralia comprenait que c'était difficile d'évoquer son passé. Elle-même avait mis trois séances avant de vraiment être capable d'en parler. Il avait su l'écouter et la laisser choisir le bon moment. Elle resta bouche-bée lorsqu'il lui confia ne pas être le fils biologique de Mr Lafon et d'autant plus, en connaissant les circonstances dont il l'avait appris. Il s'enfonça dans son siège, nerveux, pianotant sur la table. Elle sentait qu'il lui disait tout ça avec vive émotion. La jeune femme saisit sa main, comme pour lui témoigner qu'elle était là pour lui. Maigre consolation me direz-vous. Son parcours avait été un enfer et elle avait enfin la sensation d'être comprise par quelqu'un. Il la rassura cependant, ajoutant que malgré les épreuves, il était possible de s'en sortir. Il en était la preuve. Elle lui sourit. Comme quoi, il ne fallait pas perdre espoir.

« Merci. Je suis contente de t'avoir retrouvé tu n'imagines même pas. J'ai vraiment le sentiment que tu me comprends. Mes sœurs étaient là pour moi, mais elles ignoraient ce que je pouvais penser ou pourquoi je faisais telle ou telle chose. J'ai un parrain d'exception, mais avant tout, un ami inestimable »

Soralia n'était pas du genre à s'épancher sur ses sentiments mais cela faisait parti du programme, mettre des mots sur ce qu'elle ressentait. Ne pas avoir peur, honte ou encore hésiter à dire les choses.

Bien sûr Elijah aurait pu développer plus le sujet, aller plus loin dans les détails de ce qu'il avait vécu. Mais maintenant que Soralia savait et qu'ils allaient avoir l'occasion de se voir hors du contexte de l'association, il aurait tout le temps de parler avec elle de son histoire si elle souhaitait en savoir plus. Bien qu'il eu confiance en elle, c'était toujours difficile pour lui d'évoquer cette période plutôt douloureuse. Notamment celle où il avait vraiment sombré et rejeté tout le monde autour de lui, la drogue isole c'est une réalité et le jeune homme était toujours peiné de voir que bien trop d'ado minimisaient l'impact de la prise de stupéfiants. L'engrenage peut-être si rapide et il est facile de se retrouver happé dans une spirale infernale, il était bien placé pour le savoir !
C'était bien parce qu'il ne voulait surtout pas que Soralia retourne vers cette situation d'isolement alors qu'elle était si prêt de son but de s'en sortir, qu'Eli insistait sur le fait d'être là pour elle. A présent il avait même deux cartouches à jouer en tant que parrain et ami, la jeune femme comptait trop à ses yeux pour qu'il ne la laisse tomber. Peut-être parce qu'au fond il ressentait comme une certaine culpabilité de ne pas avoir cherché à garder le contact aussi jeune était-il lorsque sa famille dû déménager.

Un sourire étira ses lèvres alors que la jolie brune s'efforçait d'utiliser une des techniques apprise au centre d'aide, il n'avait jamais douté de l'utilité et l'efficacité du programme étant donné qu'il était passé par là aussi. Ce qu'elle disait le touchait réellement et il sentait sa motivation s'accroître « Merci à toi Lia. » répondait-il avec bienveillance, elle ne devait pas s'en rendre vraiment compte mais ses paroles avaient une réelle force pour Elijah et c'était pour cela qu'il la remerciait.
Ils continuèrent à discuter en se remémorant quelques anecdotes de leur enfance, des sujets plus légers que celui de la drogue et de leurs adolescences difficiles. Le jeune homme se rendait compte qu'il avait appréhender ces retrouvailles à tort et que finalement les choses n'auraient pas pu mieux se passer.
L'heure avançait et il fût temps pour les deux jeunes gens de se quitter, néanmoins il était certain qu'ils allaient se revoir. Cette fois quand il regarda s'éloigner la brunette, Eli savait que ça n'était pas un adieu et ça comptait énormément. Comment Soralia avait-elle pu autant le marquer pour qu'en seize ans sans se parler il ai gardé autant d'affection à son égard ? Parfois un lien unissant deux personnes défi la logique, c'était sans doute leur cas.

Fin du rp

Sujet: Re: Bas les masques ~ Elijah&Soralia [Terminé]

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Bas les masques ~ Elijah&Soralia [Terminé]

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